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Je l'avoue? lorsque fin 2003 j'ai appris que Jean-Pierre Schenk avait sorti un nouvel album dans la foulée de l'excellent "After all these years" (chroniqué dans Koid9 n° 46), ma première réaction a été l'enjouement. Mais dès que j'ai su que Jean-Pierre Schenk, batteur à la base, avait choisi d'utiliser des boîtes à rythmes sur cet album, ce fut la surprise, l'étonnement et les interrogations ont rapidement suivi. Résultat : je me suis finalement détourné de cet album alors même que j'avais adoré le précédent.
J'avoue encore : l'introduction du premier morceau "looking for somewhere", n'a fait que conforter mes a priori : rythme mécanique et répétitif, sans âme, ne laissant rien présager de bon pour la suite. Mais au bout d'une minute à peine et jusqu'au terme des 8 plages de l'album, totalisant plus d'une heure de musique, Jean-Pierre Schenk et sa bande s'acharnent à me donner tort. On ne devrait jamais avoir de jugement a priori !
Et si j'avais lu le livret avant, je me serais méfié : "Certains regretteront que je ne joue pas de batterie", y explique Jean-Pierre Schenk. "En fait je l'ai fait auparavant mais j?ai programmé les machines à partir de mon propre jeu. Alors fermez les yeux et oubliez le reste".
C'est ce que j'ai fait.
La section rythmique est particulièrement présente tout au long de l'album, avec l'utilisation de ce synthé de basse par Jean-Pierre Schenk, augmentée des lignes de basse assurées par Giovani Esposito, et l'ensemble apporte un son bien groovy permettant à "Nobody cares" de se démarquer de ses principales influences qu'on disait être Pink Floyd et Genesis. En fait, dès cette intro dispensable passée, "Nobody cares" me fait penser au meilleur Eloy, plus encore que le premier album. Le titre "looking for somewhere" par exemple, est très réminiscent d'un "Ocean" ou d'un "Silent cries and mighty echoes". C'est l'association des guitares aériennes aux nappes de claviers omniprésentes et à la voix de Jean-Pierre Schenk, assez proche de celle de Frank Bornemann, qui fait cet effet.
Mais Metamorphosis a surtout ici cherché à se construire ses sonorités propres, même si ses influences demeurent perceptibles, en associant les lignes mélodiques aux rythmes soutenus et parfois même aux guitares saturées.
"Nobody cares" ? Nobody cares about what ? Mais on se fout de la planète, tout simplement. Rien moins. Elle va à vau-l'eau, avec la fonte des calottes polaires, la progression des déserts, l'effet de serre et les sols pollués ! Et tout le monde s'en tamponne le coquillard à un point tel que ça donne une idée de l'infini ! Sous-entendu "il faut faire quelque chose"; tel est le message du morceau-titre.
Au bilan, même si l'utilisation des boîtes à rythmes n'a pas un effet aussi dévastateur que ce que je craignais au départ, je persiste à penser que l'idée n'était pas excellente. Et c'est fort dommage car pour le reste avec ce "Nobody cares" Metamorphosis gagne beaucoup en personnalité par rapport à "After all these years". Jean-Pierre Schenk semble d'ailleurs l'avoir bien compris puisque pour son prochain opus, qu'il nous promet pour la fin de l'année (sans doute une fois encore pour rattraper le temps perdu, après toutes ces années) il va retourner derrière les fûts. Gageons que ce sera alors l'album de la maturité de sa formation.
Note : 4/5
Benoît Herr
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