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Ces "jeux d’esprits" nous viennent tout droit de la Belgique, terre davantage fertile en concerts progressifs, de par sa très active salle, désormais célèbre sous le nom de "Spirit of 66", qu’en groupes pratiquant ce genre musical. Peut-être jalouse de la soudaine profusion ces derniers temps de nouvelles formations françaises, souvent excellentes comme Taal, Aside Beside ou Nil pour n’en citer que trois, notre voisine se serait-elle mise en quête de talents tout aussi prometteurs ? Très loin du monde tourmenté et, il faut l’avouer, pas toujours accessible, de leurs compatriotes de Present ou Univers Zéro, Mindgames s’adresse d’emblée à un public beaucoup moins restrictif sans pour autant céder à la facilité.
Je ne vais pas vous faire un récapitulatif de leur carrière, de toute façon assez courte puisqu’il s’agit de leur premier véritable album, parce que j’en ai un peu marre d’en lire de manière un peu trop systématique dans beaucoup de chroniques (là, je vais me faire des ennemis parmi la rédaction…) et je me dis que vous devez en être fatigués vous aussi, non ? Je ne vais pas non plus vous citer la liste des noms des 5 musiciens en présence (le quintette habituel, complété d’invités : flûte, flugelhorn (un genre de cor), violoncelle et vibraphone), car de toute façon la plupart d’entre vous ne les connaissent pas. Je me demande même si je vais vous décrire la substantifique moelle de cette galette... Non, tout de même pas, car ce serait faire injure au travail très soigné de composition et d’exécution mis en oeuvre ici. Allez hop, une petite picouse de vitamine C et je reprends courageusement mon article …… P’TAIN, MAIS IL EST CARREMENT GENIAL CE DISQUE !!! …… Euh, pardon. J’ai dû en mettre un peu trop …… Voilà, maintenant tout est en place, top décontraction. Je remets tranquillement la rondelle dans le mange-disques … Allez, pour faire court j’oserai prétendre que le style emprunté est un néo-progressif symphonique dont l’homologue qui me paraît le plus proche tant musicalement que vocalement est le groupe néerlandais bien connu après 3 albums Flamborough Head, voire IQ. La musique développée, très fluide de prime abord, preuve d’un grand savoir-faire dans les enchaînements, se révèle avec le temps pleine de rebondissements et de tiroirs qui s’ouvrent et se referment à un rythme parfaitement calculé pour relancer l’intérêt de pièces en majeure partie longues (mis à part 2 titres, tous s’étalent de 8 à 17 minutes !). Pour un premier album, il n’y a pas de mauvais morceau et même "beggar’s breakfast" réussit l’exploit en 2’30 de nous délivrer un concentré de mélancolie renforcé par le trio guitare acoustique – piano - violoncelle et le final en chœurs. Le chant reste à mon avis le léger point faible du groupe. Soyons clair la prononciation anglaise est excellente, mais le reproche que je lui fais est dans son timbre même, pas très captivant et surtout dans les difficultés de Bart (qui assure aussi les parties de guitare acoustiques et 12 cordes) à pousser certaines notes, qui sonnent un peu forcées. Mais ceci est compensé par une assez large variété d’élocutions (lente ou rapide, douce ou forte, à quoi viennent s’ajouter quelques accents et éclats de voix originaux).
Ce disque, qui n’invente rien mais contient des compositions intelligemment peaufinées et brillamment interprétées, et qui se termine en apothéose, s’avère donc une belle réussite.
Michael Fligny
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