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Si le cerisier en fleurs est mon arbre préféré, il est aussi l’image d’Epinal quand on pense au Japon. Symbole de pureté et de vie, le choix de l’illustration fait par ce nouveau groupe nippon correspond bien à la musique proposée. Toutes les musiques sont signées du claviériste Junya Anan et la voix est féminine, comme d’habitude, en la personne de Tuneami Furaba qui assure aussi les parties de flûte.
Le premier des six titres débute par un bruit d’eau et tout le long des 11’20 c’est du progressif mélodique typiquement japonais, poétique avec une maîtrise technique digne du conservatoire pour chacun des instrumentistes avec une mention spéciale pour le claviériste et le guitariste qui cultivent le goût de l’emphase cher aux japonais.
Après l’eau, ce sont les chants d’oiseaux qui entament "haru no sono" et qui introduisent un semblant de musique traditionnelle, surtout au niveau des percussions. On est dans la lignée des grands groupes japonais mais c’est neuf, aussi fort que Teru’s Symphonia mais en plus acoustique et suggéré, tout en rivalisant de symphonisme, allié à la délicatesse d’un Pageant en véhiculant les mêmes valeurs qu’un Fromage mais en occultant la violence d’un Gerard.
"Susuhaze" a la force d’une musique du polar français 70s fleuve "Flic ou voyou". Ce chant, que beaucoup détestent mais que moi j’adore, suit la batterie. J’apprécie cet exercice simple mais efficace.
Passons sur le quatrième, assez rébarbatif, facile, et qui comporte tous les défauts admis par les détracteurs du prog japonais, même le chant n’est ici pas convaincant.
Sur "tahamura", là au contraire, la voie défend sa chanson, et tous les ingrédients du Mizukagami sont présents. Au traditionnel japonais, et à la flûte tullienne s’ajoute la rythmique de "astral traveller" de Yes. C’est hallucinant cette nouvelle dimension du prog japonais réussissant le mariage de leurs valeurs avec celles du prog européen.
L’ultime morceau est porté par cette voix si raffinée. J’en adore la préciosité, elle vous caresse, vous séduit, vous aime, ne vit que pour vous, mais je m’égare… Il manque néanmoins un grand développement en final mais les nippons préfèrent terminer leurs œuvres plutôt en délicatesse.
Cela faisait longtemps qu’il n’y avait pas eu de nouveau groupe japonais de cette envergure. (KBB en 2000 mais dans un autre style). Moins surfait que d’autres références, Mizukagami nous plonge dans un monde onirique à l’orientale et j’aime ça !
Un disque qui ne ralliera pas de nouveaux adeptes mais qui convaincra tous les fans du genre.
Un album qui en appelle d’autres, je l’espère. Haligato Mizukagami.
Bruno Cassan
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