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A la fin du dernier millénaire, en deux albums jouissifs, The Mörglbl Trio avait laissé en lambeaux les contours rock, jazz et rigolo de la musique made in France avant de partir vaquer à d’autres occupations. Après un détour sur le fendard Metal Kartoon (dont on attend un second album cette année), Christophe Godin et sa bande, Ivan Rougny à la basse (vrombissante, sucrée) et Jean-Pierre Frelezeau à la batterie (compact, coup de pied redoutable), reprennent la température du trio et travaillent au corps un album nettement plus mélodique que les précédents.
Comme toujours avec nos amis, l’audace vient d’une méthode chirurgicale qui viendrait greffer Bumblefoot, Frank Zappa, Steve Vai ou Allan Holdsworth au fil de compositions enflammées qui trouvent dans cet amalgame un style détendu assez unique en son genre. Surtout, la vitalité des musiciens est éclatante. Le niveau époustouflant de ce disque n’est pas étranger à ce sentiment relax qui passe à la moulinette du second degré des morceaux de choix comme "tapas nocturnes" (rythmique endiablée, déconnade en plus), "l’ami deglingo" (funk et métal), "buffet froid" (jazzy) ou "le projet pied de biche" qui galvanise à lui seul les tendances passionnées d’improvisations où la guitare dicte la loi d’un rythme fondamental. Grandiose. Le reste suit la voie royale. Du groove puissant ("lieutenant Colombin", "the toy maker"), des soli pleins d’aisance et de maturité, seule la ballade "les petits nous" ralentit la cadence infernale achevée par deux bonus de choix, la bossa-nova bien foutue "il bello di note" et "studio delirium" qui porte bien son nom.
Pour faire court, "Grötesk" est un album intense et drôle. Furieusement vivant et musicalement hors norme.
Cyrille Delanlssays
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