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A ménager la chèvre et le choux, on risque de se perdre… C’est un peu ce qui ressort de la première écoute du nouvel album de Mostly Autumn. Attendez ! Ne partez pas tout de suite ! J’ai dit : « première écoute ». Alors calmez-vous, et qu’on revienne à nos moutons… ou à nos chèvres !
Mostly Autumn est devenu depuis près de dix ans d’existence et sept albums studio un des groupes qui comptent dorénavant dans le paysage progressif. Alors, la sortie de leur huitième production est un petit événement. Depuis "Heart full of sky", leur dernier rejeton, le groupe a connu quelques changements de personnel avec le retour de Ian Jennings aux claviers, l’arrivée de Henry Bourne à la batterie et la titularisation de Anne-Marie Helder à la flûte (par ailleurs chanteuse de Panic Room dont le premier album est aussi chroniqué dans ce numéro).
Or donc, écrivais-je, Mostly Autumn ménage la chèvre et le choux. En effet, toujours sous influence floydienne et heureusement sans s’éloigner des chemins celtes qui ont fait sa marque de fabrique, le groupe aborde sa musique avec une approche un peu plus pop qu’avant. Et cette démarche est un peu risquée puisque les puristes lui feront le reproche d’avoir perdu leur intégrité tandis que les autres trouveront que l’évolution n’est pas assez marquée. Pour mon compte, amateur du grand Floyd, j’ai toujours prêté une oreille bienveillante aux productions de ce groupe original, et pour moi cet album est plutôt un bon cru. Ce n’est pas "Last bright light", mais l’intention est bien là. Le folk celtique que l’on aime est surtout présent dans trois titres, certains diront que c’est peu ("flowers for guns", "above the blue" et "until the story ends"), tandis que l’esprit du Floyd traverse "the second hands", "paper angels", "tearing at the faerytale" et "glass shadows". C’est parfois la voix, parfois le son, ou tout simplement un solo gilmourien en diable. Que du bonheur !
Mais Mostly Autumn sait aussi démontrer sa capacité à se détacher de ces grandes références. A cet égard, l’originalité de composition transpire dans trois plages que je ne résiste pas à vous décrire. Tout d’abord "fireside" qui ouvre gaillardement le disque. Le morceau, très folk jusqu’à ce que déboule d’on ne sait où une grosse guitare poilue d’excellente facture, vous fait rapidement dodeliner du chef. A noter sur le refrain (est-ce le refrain d’ailleurs ?) la progression harmonique qui vous dresse les poils, une trouvaille géniale. Ça commence fort (dans tous les sens du terme). Après deux ballades très agréables mais assez linéaires, on trouve le morceau qui dépose le socle de l’album, "unoriginal sin". Le souffle et l’originalité de cette plage, sorte de longue mélopée à l’intensité qui augmente sans relâche jusqu’à la fin, rend le morceau totalement passionnant alors qu’il est construit autour d’une ligne de basse résolument monolithique, laquelle ne tourne quasiment que sur une seule note : bel exercice de style. Enfin, je vous conseille l’immersion totale de "glass shadows", epic de plus de onze minutes à l’ambiance très sombre assez inhabituelle chez les Anglais. L’enchaînement d’accords chromatiques dans la première partie du titre contribue grandement à instaurer cette tension, tandis que les harmonies gothiques des orgues et la guitare plaintive de la seconde terminent de poser ce morceau à l’ambiance pesante particulièrement réussie.
On en redemande !
Dominique Jorge
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