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Motis : Live Crescendo (2007 - cd - parue dans le Koid9 n°65)

(1220 mots dans ce texte )  -   lu : 838 Fois     Page Spéciale pour impression

Double actualité pour nos rockeurs médievaux franc-comtois avec la sortie simultanée d'un livre et d'un album live, présentés comme un pack rétrospectif mais dont vous pouvez acquérir chaque élement séparément chez l'éditeur Musea. Ils n'ont aucun rapport direct entre eux si ce n'est que chacun à sa manière tire un bilan de (déjà) 8 ans d'existence (AccĂšs direct au Live Crescendo).

LE GRIMOIRE :

Ce livre de près de 200 pages qui reprend l'illustration de l'album L'homme-loup n'est pas un traité de magie obscure. Au contraire il dévoile l'arrière du décor, fait la lumière sur les petites et les grandes histoires qui ont permis à l'alchimiste de créer Motis et d'en faire ce qu'il est aujourd'hui. L'ouvrage se découpe en 3 parties bien distinctes : l'histoire tout d'abord du groupe depuis sa génèse, puis la présentation complète de la discographie (chroniques + textes des chansons) et enfin des interviews du trio.
Après une préface de Frédéric Gerchambeau (musicien et chroniqueur), Bernard Gueffier (patron de Musea) et Francis Décamps (ex-Ange, Gens De La Lune) l'histoire commence en 2000 quand Emmanuel Tissot un peu las de son activité de bassiste au sein des Coprins du Chapuzieux, un groupe du Jura, décide de réaliser un projet qui lui tient à coeur depuis longtemps : réaliser un album de rock médiéval, mélangeant les atmosphères du Moyen Age et les moyens techniques de la musique rock actuelle. 9 mois d'écriture, de bidouillages techniques et d'enregistrement lui seront nécessaires avant l'aboutissement de ce groupe en solo, et à usage unique pense-t-il alors, qu'il baptise Motis (lettres tirées de son nom).

L'histoire s'emballe ensuite et Emmanuel raconte tout ce qui a jalonné son parcours jusqu'à aujourd'hui. Les détails fourmillent tellement que c'est à croire qu'il a tenu un journal intime au jour le jour. La rencontre des gens importants : Remy Diaz qui, dès 2001, le rejoindra en tant que percussionniste, l'arrivée de son frère Florent en 2002, ou encore en 2005 la rencontre et l'amitié qui va s'installer avec un de ses héros, Francis Décamps. On partage son soulagement quand enfin, après 4 ans d'autodistribution et 5 albums, il est signé par Musea Parallèles. On visite avec lui la France, la Belgique, la Suisse pour des haut lieux de musique : Festival Interceltique de Lorient, Festival Massif Celtrad, Festival Multiculturel Issiéla, Printemps de Bourges, Festival Hors Tribu ... On rit de leurs galères (Festival de Othe, Festival des Eguillennes, Spirit of 66 désert ...) finalement bien peu nombreuses par rapport aux moments de joies intenses, comme cette première partie de Ange à Juraparc en 2004. On applaudit à toutes ces prouesses techniques et ces trafficottages d'instruments et on salue de respect leur écoute des groupes partageant les mêmes affiches qu'eux ...
Enfin bon, vous voyez le tableau, je ne vais pas tout vous raconter, mon boulot est de vous mettre l'eau à la bouche afin que vous achetiez ce bouquin ! Le plus amusant dans l'histoire est de voir citer des lieux familiers : Bourges d'où je suis originaire et surtout toute une région du Jura (Grandvaux) où je suis justement en vacances au moment où je lis le livre !!! Vous allez alors me demander pourquoi je n'en ai pas profité pour aller les interviewer. Ben ... c'est-à-dire que je suis toute timide, que l'interview n'est pas ma tasse de thé et qu'en plus je ne vois pas trop quoi leur demander de plus que tout ce qui figure dans cet ouvrage quasi exhaustif.

Les 30 pages qui suivent sont l'oeuvre de Frédéric Gerchambeau, chroniqueur chez Ethnotempos, Whaye Notes et Traverses, qui s'est pris d'amour pour le groupe le jour où il écouta Prince des Hauteurs. Il signe donc les chroniques de tous les albums, studio et live dans l'ordre chronologique : A chacun son Graal (2000), La fête des fous (2001), Première veillée (live 2001), Dansons (live 2003), La dame et le dragon (live 2004), Prince des hauteurs (2004), L'homme-loup (2006) et Live Crescendo (live 2007). Sont présents également tous les textes de chansons, ce qui permet de constater que l'écriture d'Emmanuel Tissot est vraiment soignée, bien documentée et vraiment dans l'esprit des troubadours.
La dernière partie, la plus imposante, s'intitule "Les 3 ménestrels". Elle est constituée d'interviews menées par Frédéric Gerchambeau avec les 3 membres du groupe, d'abord ensemble puis séparément. C'est un complément indispensable à l'histoire de Motis racontée dans la première partie puisqu'elle nous dévoile de nouvelles anecdotes ainsi que les souvenirs des 2 autres membres, Remy Diaz et Florent Tissot qui racontent leurs parcours pré-Motis et répondent avec humour à une série de questions volontairement "vaches" et décalées.
Je ne saurais donc trop vous conseiller vivement l'acquisition de cet ouvrage. Ce n'est pas de la grande littérature, là n'est pas le propos, mais une histoire, que dis-je, des histoires d'amitiés et de rencontres multiples, un complèment idéal aux albums si vous êtes fan, une excellente porte d'entrée dans leur univers pour les novices dans mon genre. La vie presque banale et ordinaire d'un groupe qui ne l'est pas vraiment.

LE CD : Live Crescendo

L'histoire contée dans Le Grimoire s'achève précisément le 18 août 2007 à St-Palais-Sur-Mer, face à l'océan Atlantique et une foule conséquente, après le concert donné dans le cadre du Festival Crescendo faisant l'objet de ce cd.

Le répertoire fait bien sûr la part belle au dernier album studio en date, L'homme-loup (Koid9 n°61), dont 4 titres sont tirés, mais également du tout premier album, A chacun son Graal, avec 3 extraits. Sans connaître les versions originales, sachant qu'à l'époque Motis était un seul homme, on ne peut que présumer d'un profond remaniement ménestrel. C'est sans aucun doute le cas du morceau-titre "A chacun son Graal" qui clôt ce cd d'une manière éclatante, le long développement final à base d'orgue, de flute et de guitare acoustique rattachant à lui seul cette musique au giron progressif. Comment ne pas penser aux plus belles heures de Jethro Tull !

Avant cela on n'aura évidemment pas éviter d'évoquer Ange ou Malicorne, mais ça, vous le savez déjà. Par contre, quelle incroyable et lumineuse idée sur "Les normands" de retracer l'invasion viking sur fond de ... reggae. A vrai dire chaque titre réserve son lot de surprises et de joutes instrumentales : la plupart oscille autour des 5 minutes et certains les dépassent allègrement.

Ce live illustre donc à merveille les propos tenus dans le livre. La base est médiévale mais le traitement est rock. L'anachronisme n'est en rien gênant, bien au contraire c'est ce qui fait le charme de la musique du trio qui de surcroît le revendique. Je me dis alors que nos 3 gaillards dans leurs tenues de scène se couleraient à merveille dans le décor du château-fort de Guédelon actuellement en construction près de St-Amand-en-Puisaye en Bourgogne, tout aussi anachronique bien que dans le respect des règles de l'époque.

Laure Dofzering

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