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Mystique, sombre, ésotérique, doom, gothique, progressive… les qualificatifs ne manquent pas pour caractériser la musique des italiens d'Antonius Rex. La formation est en fait surtout du bébé d'Antonio Bartoccetti, connu pour avoir dès 1969 formé le groupe Jacula et enregistré son légendaire premier album "In cauda semper stat venenum" (Il y a toujours du venin dans la queue) qui a fait figure de précurseur du genre. En 1974, au retour de son service militaire, Antonio s'adjoint les services de sa seule compagne Doris Norton, et le duo ainsi formé devient Antonius Rex. Ce "Praeternatural" (adjectif signifiant au dessus du naturel, sans pour autant être surnaturel) est initialement paru en 1980 en vinyl à un millier d'exemplaires seulement. Il fait suite à quelques errances commerciales, et renoue avec les grandes ambiances sombres. Il ne figurait à l'époque dans aucun circuit commercial et était distribué sous le manteau aux fans ultimes. Black Widow le réédite aujourd'hui avec une jaquette couleurs alors que l'édition initiale était noir & blanc.
Démons, mages, sorciers vampires… pénombre, cauchemars, obsessions, peurs, angoisses… occultisme, théories philosophico-théologiques de l'obscur… tous ces éléments font partie intégrante de la musique sombre d'Antonius Rex. Elles en sont indissociables et il faut appréhender Antonius Rex (comme Jacula d'ailleurs) dans son ensemble.
Rien à voir toutefois, d'un point de vue musical, avec les grognements insupportables des productions actuelles du dark/doom : en 80, Antonius Rex servait un mélange de musique gothique et théâtrale bourrée de claviers et à grands renforts d'orgue d'église, assez digne des films d'horreur, principalement instrumentale, émaillée de chœurs et de touches un peu plus hard, surtout de soli de guitare flamboyants. Ceux du morceau-titre par exemple, sont assez sympa. Outre la composition et les paroles, Antonio prend en charge les guitares, la basse et les voix tandis que sa femme Doris Norton assure les claviers et les percussions. Elle participe aussi à l'écriture, et il faut noter la présence de vraies percussions. Assorti de bruits de portes qui grincent, de chevaux qui hennissent et autres vents soufflant sur la lande cernée par le brouillard, l'ensemble aboutit à des compositions toutes en atmosphères sombres, mystiques et grandiloquentes, très agréables pour l'amateur de prog "classique".
La 7ème et dernière plage de l'album, "vox populi" n'est pas à proprement parler un morceau, mais une narration de l'histoire d'Antonio Bartoccetti, de Jacula et d'Antonius Rex sur fond de bruits de vent. Si vous comprenez l'anglais, elle vous apportera toutes les informations et plus encore sur cette formation hors-normes.
"Praeternatural", comme tous les albums commis par la bande à Antonio Bartoccetti, est donc à prendre comme un tout, musique, histoires et théories théologico-philosophico-occultes comprises. Indispensable aux inconditionnels du genre, intéressant pour les autres.
Benoît Herr
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