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Derrière ce curieux patronyme se cache Bjørn Jeppesen, un claviériste danois qui a gardé un amour évident pour les œuvres du Tangerine Dream des années 70. "Absorbed in dreams and yearning" qui est son troisième album (les deux premiers devraient être réédités en un double CD au moment où vous lisez ces lignes) est empli de ces fameuses séquences, de ces pulsations électroniques et de ces timbres analogiques qui firent la gloire du groupe allemand vers 75-78 (notamment l'album "Stratosfear" auquel on rend hommage sur "through clear" & "frosty nights"). Nattefrost rappellera aussi aux plus connaisseurs de ce style le regretté claviériste américain Michael Garrison qui avait produit une musique similaire dans les années 80 et jusqu'au début des années 90, voire Jarre à ses débuts ("Oxygène"). Jeppesen insuffle quand même ses propres idées, intégrant quelques bruitages, quelques vocaux au son trafiqué ici et là, et une atmosphère parfois étrange et presque menaçante à l'occasion, assez rare chez le Dream (à part sur la musique du film "Sorcerer" de 1977). "Valhal" (11'28") est même assez expérimental et atonal au début et dans sa troisième partie. La plupart des morceaux abondent en ambiances spatiales, planantes, on y retrouve aussi de grandes vagues harmoniques, des effets tourbillonnants, des motifs mélodiques simples joués à l'aide de timbres cristallins. Parfois, les textures évoquent plutôt le début des années 80 et des albums de TD comme "Exit" et "Hyperborea" (elles sont d'ailleurs un peu froides). En tout cas, on note qu'il n'y a quasiment aucune sonorité rappelant une batterie électronique mais seulement ces fameuses séquences aux sons variés, suaves, cristallins, "liquides" ou plus percussifs.
L'album atteint près de 60 minutes avec 8 morceaux qui vont de 3'39" à 11'28". Quatre d'entre eux avoisinent ou dépassent les 10 minutes.
On pourra d'ailleurs reprocher à deux d'entre eux d'être légèrement statiques, de ne pas trop évoluer, ou de manquer de mélodies vraiment marquantes, mais il s'agit de morceaux à ambiance, qu'il faut plutôt écouter au casque dans l'obscurité pour les apprécier pleinement. D'aucuns reprocheront sans doute à Bjørn Jeppesen de faire revivre le passé, comme certains groupes de progressif tentent de sonner comme les grands des années 70, mais quand on pense que Tangerine Dream n'a finalement pas produit tellement d'albums dans ce genre, que les sons de l'époque étaient étonnamment modernes et mêmes qualifiés de "futuristes", couramment employés pour les films de science-fiction ou les documentaires sur l'exploration spatiale, pourquoi ne pas reprendre le flambeau aujourd'hui, pourvu que ce soit bien fait? Et c'est assurément le cas avec Nattefrost, qui mérite bien l'attention de tous les amateurs de ce type de musique.
Marc Moingeon
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