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Mine de rien Nemo en est déjà à son sixième album en comptant le live "Immersion publique". Quel parcours accompli en moins de 10 ans, période durant laquelle ce groupe français est passé du statut d’anonyme à celui de groupe respecté assez largement je crois. Voici à peine un an après "Si partie 1" la deuxième partie de l’ambitieux thème des dérives potentielles de la génétique : ici il est question d’eugénisme, autant dire la création possible d’un homme parfait ("blond, aux yeux bleus" disent-ils dans l’introduction façon brève de comptoir. Mais au fait : c’est moi tout craché ! Serai-je donc parfait ? A voir… avec des Si sans doute…).
Le chant en français de Jean-Pierre Louveton (également guitariste) ne fait et ne fera pas forcément l’unanimité, y compris en ce qui me concerne. Mais il faut reconnaître qu’il n’a pas peur de prendre des risques : on ne peut pas dire que sa façon de chanter soit uniforme ou qu’elle manque d’intonations. Au contraire il en étend délibérément au fil des morceaux le spectre dans tous les sens, sans aller toutefois jusqu’à une théâtralité de mauvais goût. Ce qui fait que la plupart du temps ça marche, mais quelquefois ça coince un peu quand on sent qu’il arrive à ses limites ou lorsque la voix se fait plus maniérée. Par moments aussi une pointe d’accent auvergnat se fait sentir : tout comme chez Francis Cabrel il arrive que certaines "chases" (choses), me "pasent" (posent) des problèmes. Par contre je trouve que la voix est bien en phase avec la musique, ce qui n’est pas toujours le cas chez d’autres. Il ne faut bien évidemment pas oublier qu’il doit aussi assurer (sur scène) des parties de guitare qui sont loin d’être simplistes. Les vocalises de Sylvia Krauss sur le long morceau "reflets" apportent une fraîcheur et un plus indéniable, creusant encore plus le sillage Floyd (époque "Dark side of the moon") parfois emprunté par le groupe.
Mais de toutes façons le propos est essentiellement instrumental, et là c’est un régal. C’est étonnant de voir la maîtrise de ces musiciens dans des registres aussi différents : on passe du rock à l’intimiste, d’ambiances quasiment jazz au métal progressif, sans oublier quelques touches floydiennes très maîtrisées. Un tel éclectisme, plus accentué que jamais sur cet album, pourra désarçonner certains grincheux comme toujours. En tous cas quelle maestria, même s’il arrive que quelques transitions restent un peu brusques. J’aurais bien sûr aimé plus d’instrumentaux pur jus, comme par exemple le formidable "une question de temps", à la fois complexe et entraînant. On sent que ces 4 gus se connaissent bien à présent et que l’alchimie fonctionne à plein, personne ne tirant vraiment la couverture à lui. Le groupe semble passer avant les individualités. La production et le mixage rendent d’ailleurs parfaitement hommage à chacun. La dominante du groupe est très dynamique et pourra plaire aussi aux fans de métal sophistiqué à l’esprit ouvert (les albums précédents surtout).
En ce qui concerne le livret, les illustrations sont comme toujours soignées, mais du fait des caractères bien crades choisis les textes sont pratiquement illisibles. Dommage pour vraiment s’immerger dans l’histoire, même si l’articulation du chanteur est bonne.
Finalement le seul vrai problème que je voie avec ce disque comme avec le précédent … c’est la distribution en magasin. La seule fois où je l’ai vu c’est en version "import" (si, si c’est vrai) à plus de 20 euros. Il va vraiment falloir que je me mette à commander sur Internet (www.quadrifonic.com par exemple). Si vous voulez faire connaissance avec un des meilleurs groupes français, et même plus que çà (soyons fou, disons le meilleur "jusqu’à 20000 lieues sous les mers") : essayez Nemo. On n’a sûrement pas fini d’entendre parler d’eux.
Michael "homme ideal" Fligny
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