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"Deathanity" est le 3ème CD d'Odin's Court, après deux autoproductions (un CD/EP et "Driven by fate", qui a connu deux versions, puisqu'il fut partiellement réenregistré après un changement de line-up). Leur signature par le label ProgRock Records va probablement les faire bénéficier d'une exposition plus large.
Formé en 2001, par le guitariste et principal compositeur Matt Brookins, le groupe est aujourd'hui complété (après de multiples changement de personnel), par Rick Pierpont (guitares), Salvino Palumbo (claviers), Craig Jackson (basse), John Abella (batterie), plus Bill Green (saxos, guitare acoustique en live) et Suzanne Warner (choeurs).
L'album, long de 65 minutes, contient 12 titres allant de 3 à 8 minutes, complexes et assez contrastés, et qu'il vous faudra probablement écouter plusieurs fois attentivement pour pleinement les apprécier. Odin's Court semble a priori destiné à être classé dans le metal progressif, mais propose quand même de nombreuses pièces ou sections fort inhabituelles, et c'est ce qui fait son originalité et lui donne un certain attrait. Difficile de ne pas remarquer le retour plus ou moins fréquent de quelques sonorités acoustiques, des atmosphères plus étranges que le groupe lui-même associe à Pink Floyd (ils utilisent d'ailleurs ici un peu de saxo et une choriste comme sur "Dark side of the moon", même s'il n'y a pas de ressemblance précise sur les morceaux concernés). Effectivement, on note des sections atmosphériques, des passages dramatiques et plus ou moins théâtraux, des bruitages entre et pendant les morceaux (effets sonores, dialogues parlés, etc.). Dommage par contre qu'il n'y ait pas de véritable ballade calme sur la longueur.
C'est par un instrumental mêlant passages agressifs et plus apaisés, percussions un rien ethniques, guitares électriques saturées puis cristallines et/ou acoustiques, sur fond de synthés planants que démarre cet album. John Abella frappe assez furieusement et les rythmes n'ont rien de linéaire sur ce disque, ce qui pourra parfois lasser un peu l'auditeur, mais lui confère un caractère nettement progressif. On trouvera trois autres instrumentaux sur l'album. C'est surtout Brookins qui chante, faisant lui-même ses propres harmonies en studio. Son chant est souvent un peu guttural à la façon de Nick Barrett (Pendragon) lorsqu'il essaie de forcer. Sur quelques rares passages courts mais vraiment agressifs, le chant se rapproche du style metal extrême ; on aime ou pas? On aimerait entendre plus souvent la voix caressante de Suzanne Warner (assez rare sur le disque). Le groupe a invité Tom Englund (Evergrey) et l'excellent Tony Kakko (Sonata Arctica) sur un morceau chacun. Le son d'ensemble est clair et varié (la basse remplit notamment un rôle mélodique sur plusieurs morceaux) mais le mixage ne sonne pas de manière très naturelle. Les guitares de Brookins et Pierpont sont souvent assez véloces, mais laissent quand même de la place à Palumbo pour plusieurs soli de claviers aux textures modernes. Parfois les guitares, lorsqu'elles sont saturées et travaillent en harmonie, rappellent un peu les deux premiers disques d'Iron Maiden, avec un son plutôt chuintant parfois désagréable à mes oreilles (en particulier sur la reprise très discutable de "l'hymne la joie" de la 9ème Symphonie de Beethoven !). Les mélodies ne sont pas faciles à retenir mais ne manquent pas de force et d'émotion, même si le groupe devrait peut-être essayer d'être plus accessible à ce niveau. Recruter un chanteur à plein temps serait aussi une bonne idée.
Malgré quelques défauts qu'il devrait être facile de gommer dans les productions à venir, Odin's Court possède une véritable originalité qu'il faudrait mettre en valeur avec une production plus grandiose et plus homogène.
Marc Moingeon
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