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Apogee n’est pas un groupe au sens propre, mais le moyen choisi par Arne Schäfer, guitariste (et co-compositeur avec Ekkehard Nähm) du groupe Allemand Versus X, de s’exprimer en solo.
Avec ce "jardin des délices", c’est la troisième fois qu’Arne se livre à cet exercice auquel finalement peu de leaders ont réussi à ne pas succomber, mais qui n’en reste pas moins hautement risqué.
Comment en effet quasiment tout faire soi même, puisqu’Arne s’acquitte ici de la guitare (bien sûr), mais aussi des claviers et du chant, avec autant de bonheur qu’un groupe qui permet la taylorisation des fonctions ?
Et par-delà la difficulté technique inhérente à cette approche, est-il vraiment bon d’être seul aux commandes et de se priver ainsi des bienfaits du regard critique de ses compères ?
Nous allons le voir bientôt, juste après que, pour être tout à fait honnête, j’aurai précisé que l’ami Uwe Völlmar (Versus X) est tout de même venu prêter main forte à Arne en amenant avec lui son set de batterie.
Au jardin des délices on aime les grosses parts de gâteau, comme en attestent les seulement 5 compositions pour une durée totale de plus de 70 minutes ! Donc à l’exception du titre médian "the cassini division" de seulement 3’, qui sert un peu d’intercalaire, les deux morceaux précédents et suivants oscillent allègrement entre 15 et 20 minutes.
Si je me suis un peu appesanti sur ce qui pourrait au premier abord sembler relever du détail, c’est justement qu’à mon sens la troisième œuvre d’Arne souffre un peu du poids de chacune de ses compositions. On ne compose pas un morceau de 20’ si l’on ne dispose pas d’une "matière première" à la hauteur de ses ambitions, alors 4 titres …
L’album est très loin d’être mauvais au demeurant. Comment le pourrait-il d’ailleurs, lorsque l’on a pu constater comme moi sur la scène d’Orthez voici deux ans combien Versus X, et Arne en particulier, étaient de grands professionnels capables de tenir en haleine une foule (exigeante) 2h30 durant.
C’est bien joué, et pas seulement la guitare, correctement chanté et les compositions ne manquent pas d’attrait. On se situe dans la veine d’un Versus X, c’est-à-dire d’un néo-prog symphonique qui privilégie les ambiances et tisse sa toile mélodique avec méthode. Les thèmes sont plutôt sophistiqués, parfois un peu inutilement torturés d’ailleurs, conséquence probable du souhait de l’auteur de "tenir" la distance sur 15’.
Je me méprends peut-être sur les intentions d’Arne, mais paradoxalement j’aurais apprécié que les morceaux fussent un peu plus "simples, ou à tout le moins que la trame qui les sous-tend soit plus évidente.
Je digresse un peu plus loin dans les lignes du présent Koid’9 sur les tendances du rock progressif actuel.
Nous dirons pour conclure que "Garden of delights" témoigne du professionnalisme de son auteur, qui a su éviter l’écueil du "régressif" puisque aucune influence évidente n’est décelable, mais dont les morceaux auraient gagné à aller plus directement à l’essentiel à la faveur d’une cure d’amaigrissement.
Serge Llorente
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