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L?histoire d?Osiris, groupe prog du? Bahrein, ressemble à un conte des mille et une nuits. Un jour le chef de la famille Al-Sadeqi demande à l?un de ses fils Nabil : "que veux-tu faire de ta vie ?" Nabil lui répond : "je veux être batteur, comme Ringo Star". "Et toi, Mohammed ?" (Le frère aîné) "Guitariste." Leurs parents progressistes - sans jeu de mots - et férus de musique en tous genres accèdent à tous leurs désirs. Nous sommes à la fin des années soixante. Premiers groupes ; études aux USA pour l?aîné, à Londres pour le plus jeune. Les deux reviennent au Bahrein en 1980 pour former leur groupe. Mais là-bas, les musiciens se font aussi rares que la pluie ; ça leur prendra un peu de temps avant de dénicher quelques copains pour tenter l?aventure Osiris, du nom bien sûr de la divinité égyptienne, grand prêtre de la jeunesse et de la fécondité. Deux albums cultes naîtront de cette passion commune ; le premier, éponyme, en 1982, le second "Myths and legends" deux ans plus tard. C?est de la prog ligne claire, avec beaucoup de Camel dedans et du Taï Phong aussi ; donc, des claviers harmonieux, de la flûte et de la guitare tendance Latimer en plus arabisante. C?est hyper mélodique, très beau et à vrai dire assez bluffant. On était à mille lieux de penser qu?on pouvait confectionner une musique aussi riche et sophistiquée dans le golfe arabo-persique ! Et ça marche. Osiris fait des tournées dans des hôtels de luxe, enregistre ses concerts, compose et travaille à son troisième opus "Tales of the divers" qu?il joue live mais qu?il ne pourra jamais graver. Entre temps sortira "Vision from the past" et enfin ce fameux "Tales of the divers" quasi oublié mais exhumé du milieu des années quatre-vingts pour offrir aujourd?hui cet enregistrement public. Comme dans son prédécesseur/successeur, "Vision from the past", le propos y est acerbe face à un pays que les frères Al-Sadeqi ne reconnaissent décidément plus. Entre les morceaux sont inclus des récitatifs en arabe qui donnent de la solennité aux propos et une couleur orientale à une musique qui l?est finalement si peu? L?enregistrement (à l?hôtel du Golfe) ne peut être canon vu les conditions de l?époque mais question remixage, on a fait des progrès depuis. La prime mélodie de "set the sails" rappelle un poil "shadow of hierophant" du tout premier Hackett mais les synthés rappellent tour à tour les grandes plages du vieux Taï Phong puis de Mike Oldfield. Et quand guitare et flûte, se mettent à l?unisson, ça nous donne une splendeur comme "it is always hard to say goodbye" ou "homeward bound once again" dans lesquel Mohamed Al Sadeqi fait des merveilles question gratte. "The storm" nous ramène sur les rivages de Kansas. Quant à "appréhension" c?est un cousin arabe et rapproché de "pressure points" (Camel). Bref, que des subtiles références et une indispensable redécouverte, vingt-cinq ans après ; il n?est pas trop tard.
Jean-Marie Lanoë
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