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En attendant le nouvel album solo (qui n'est toujours pas la seconde partie de "The perfect element"), les suédois de Pain Of Salvation ont décidé de faire plaisir à leurs fans (dont je suis, il faut bien l'avouer !). Qu'ils en soient remerciés, car P.O.S. a mis "les petits plats dans les grands" (vous verrez plus loin que cette expression prend ici toute son importance) pour nous offrir une oeuvre à part entière. "12:5" n'est pas un album live comme un autre : il a été enregistré "unplugged". Débranché, quoi ! Vous allez me dire que ce n'est pas nouveau, que des tas de groupes métalliques ont déjà tenté l'expérience, avec plus ou moins de bonheur d'ailleurs ?
Dans le cas de P.O.S., on avait quand même du mal à imaginer ses déferlements rythmiques, ses vocaux rageurs et ses solos de guitare incendiaires sans le concours de la fée électricité ? Et bien "12:5", nous prouve une fois encore que la bande à Daniel Gildenlöw est toujours capable de miracles. Ce groupe, en 4 albums studios remarquables, nous avait déjà prouvé qu'on pouvait progresser disque après disque en ralentissant la cadence, en peaufinant les arrangements. Cette fois-ci, il nous démontre que ses compositions, sorties de leur contexte conceptuel, peuvent être d'une finesse incroyable. Mieux encore, P.O.S. a réussi à recomposer de nouvelles compositions autour d'anciennes. "12:5" ou comment faire du neuf avec du vieux ? L'album est découpé en 3 parties, intitulées "genesis", "genesister" et "genesinister" (notez les jeux de mots !). Chaque partie est composée de morceaux des 4 albums studio enchaînés les uns aux autres, avec une préférence pour le dernier ("Remedy lane") et une quasi-impasse sur "One hour by the concrete lake". Bref, les plus belles mélodies de P.O.S. se retrouvent dans "12:5", arrangées de manière acoustique avec de superbes parties de guitares acoustiques où Daniel et Johan Hallgren s'en donnent à cœur joie. La rythmique de Kristoffer Gildenlöw (basse) et Johan Langell se révèle particulièrement subtile et effleurée, quand Fredrik Hermanson n'opère qu'au piano et au clavecin. Les chœurs sont particulièrement bien ajustés, renforçant la voix exceptionnellement émouvante et extravertie de Daniel Gildenlöw. Les première et troisième parties ne valorisent qu'une seule et même composition en 10 parties intitulée "brickwork". Les chansons la composant ne sont pas inscrites sur la pochette et vous pouvez vous amuser à retrouver les titres. Pour ma part, j'ai du réécouter tous mes Pain Of Salvation pour reconnaître "leaving entropia" ("Entropia"), "this heart of mine" ("Remedy lane"), l'instrumental "idioglassia" ("The perfect element 1"), "second love" ("Remedy lane"). Sinon, la seconde partie (la plus consistante) offre les plus belles mélodies de "Entropia" ("winning a war" et "oblivion day"), de "The perfect element" ("reconciliation") et surtout de "Remedy lane" ("dryad of the wood", "undertow" et "chauinsling") : un véritable festival de l'art mélodique et harmonique de P.O.S. !
"12:5" n'est pas un album de métal : il s'avère sans conteste la galette des suédois la plus propice à plaire aux amateurs de progressif grand teint. La manière d'aborder la guitare acoustique peut rappeler Antony Phillips, Steve Hackett et même Steve Howe par endroits ; le chant torturé plaire aux fans de Roger Waters ou de Peter Hammill. P.O.S est bien plus qu'un groupe de prog-metal, c'est un groupe de rock progressif à part entière.
Transatlantic et les Flower Kings, en embauchant Daniel Gildenlöw comme musicien additionnel (sans compter Mike Portnoy pour "Hammer to the gods" et Daniele Liverani pour "Genius") ne se sont pas trompés. Ce type est un véritable génie musical ! Alors que Dream Theater s'est détourné du progressif en bâclant le plus mauvais album de sa carrière, P.O.S. affirme sa personnalité en produisant son disque le plus émotionnel.
Chapeau les gars !!
Hubert Allusson
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