Pallas : Beat The Drum (1999 - cd - parue dans le Koid9 n°29)
Dieu qu'elle aura été longue la gestation de cet album, surnommé à juste titre l'Arlésienne du progressif ! Surmontant enfin les problèmes logistiques entraînés par l'éloignement et les emplois respectifs de ses membres, la formation écossaise se rappelle enfin à notre bon souvenir, alors que la plus jeune génération de fans ne sait probablement pas qui elle est ! "Beat the drum" rassemble 11 chansons dont plusieurs sont de nouvelles versions de titres figurant sur la cassette "Sketches" (elle-même issue d'une démo d'un album jamais sorti) : "hide & seek", "all or nothing", "man of principle" et "ghosts". La mélodie directrice de "voices in the dark" a par ailleurs été réutilisée sur "beat the drums". Le reste est du matériel original. Côté musiciens, l'équipe qui jouait sur "The wedge" est réunie, à l'exception du batteur Derek Forman qui a laissé sa place à Colin Fraser. C'est une surprise de retrouver Ronnie Brown aux claviers alors que Mike Stobbie avait assuré ce rôle sur les titres de compilations SI, lors de quelques concerts de réformation et de la préparation de démos de nouvelles maquettes. Les chansons de "Beat the drum" sont dans un pur style néo-prog dont pratiquement tout côté heavy a été gommé. Le son est donc assez décalé par rapport aux tendances actuelles. La production, pas très différente de celle de "Sketches", sonne très fin des années 80. Elle fait la part belle aux claviers, à la rondeur de la basse, à la voix d'Alan Reed, le tout noyé dans la réverb. J'espérais plus d'évolution de ce côté-là. L'agressivité à laquelle la vague prog métal nous a habitués est absente (sauf peut-être brièvement sur "wilderness years"), les guitares de Niall Mathewson étant plutôt en retrait. Les morceaux prendront certainement une autre dimension sur scène (pour peu que le groupe arrive à monter quelques concerts...). Les ballades sont particulièrement réussies, avec un "spirits" qui pourrait être un hommage à Geoff Mann et un "blood & roses" sobre et émouvant. Côté progressif, pas grand chose à se mettre sous la dent -mais ça n'est pas vraiment étonnant- si ce n'est un court break au milieu de "beat the drum", un passage syncopé dans "ghosts", et surtout "insomniac", le meilleur morceau du CD, sur lequel on retrouve le souffle des titres de "The knightmoves". La basse de Graeme Murray fait merveille. Puisqu'on parle de lui, soulignons que vocalement, il n'assure que quelques choeurs. Quel dommage ! Sa voix puissante, très appréciée des fans, aurait pu au moins être mise en valeur sur une chanson ! A l'instar d'IQ et d'un "Ever" qui a relancé sa carrière, Pallas s'est probablement rassuré en prouvant qu'il pouvait terminer "Beat the drum". La question est maintenant de savoir si ce sursaut d'énergie va l'encourager à poursuivre dans la voie d'une musique plus ambitieuse. Jean-Luc Putaux |