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Panzerpappa est une formation venue du grand Nord, de Norvège, plus précisément. Son nom ne veut rien dire… il sonner bien et est facile à retenir, c'est tout. Il suffit de penser à "Panzer" qui veut dire "char" en allemand, et à "Pappa" qui veut dire "papa" en norvégien. C'est cool, le Koid’9, non ? Sans supplément de prix, voilà que vous avez appris votre premier mot de norvégien ! Et ce n'est pas tout. Ne reculant devant aucun sacrifice, voici que nous vous apprenons dans la foulée vos 2nd et 3ème mots de norvégien : Vandring = randonnée et Farlig = dangereuse. Le titre de l'album signifie donc "Randonnée dangereuse". Quel talent !
Il s'agit du troisième album de ces norvégiens, après deux autoproductions, "Passer gullfisk" (2001) et "Hulemysteriet" (2003), et du premier à sortir sur un "vrai" label.
C'est Trond Gjellum, le batteur, qui est à l'origine de Panzerpappa en 1996, mais le groupe ne s'est réellement formé qu'en 1999. Après quelques errements au niveau du personnel, le line-up s'est stabilisé en 2002 pour devenir celui intervenant sur l'album, à savoir : Trond Gjellum (batterie, percussions acoustiques et électriques, glockenspiel, sampler, tronophone…), Steinar Børve (saxophones, claviers), Anders Krabberød (basses, Chapman Stick, claviers) et Jarle Storløkken (guitares, claviers, accordéon).
Côté création musicale, vous l'aurez déjà compris à la lecture de la liste des instruments utilisés, j'empiète là effrontément sur le domaine généralement réservé à Patrick Robinet, puisqu'on est en plein RIO, les maîtres à penser de Panzerpappa s'appellant Samla Mammas Manna ou Univers Zero entre autres. Mais les influences et le background musical de Panzerpappa sont plus larges et vont du prog de chez prog à la fusion en passant par la musique contemporaine, le classique et de nombreux autres genres. Les Panzerpappa se décrivent eux-mêmes comme faisant de "l'avant-rock à visage humain", du rock progressif synthétisant les expressions musicales du passé et du présent. En mixant tout cela, le groupe arrive à nous proposer une musique des plus originales, bien teintée toutefois de prog scandinave.
Six titres, tous instrumentaux, composent cet album de quelque 50 minutes. Si d'emblée, avec une intro des plus dissonantes à grands renforts de sax, on pense à du Henry Cow ou du Zappa, on s'achemine très rapidement vers des passages plus doux et mélodieux, toujours bourrés de sax, mais aussi de claviers, parfois aériens, à rapprocher des productions d'un Anekdoten voire même d'un Landberk. Car la mélancolie des nordistes ressort fréquemment de ces compositions. C'est particulièrement vrai pour la cinquième plage de l'album, "sykkelgnomflåtten", aux thèmes d'une grande beauté. "Ompapaomompapa", le titre de clôture, propose un thème plus léger au départ, se fondant rapidement en un phrasé plus pathétique pour revenir à l'avant-plan. Changements de tempo incessants, breaks à n'en plus finir, la musique de Panzerpappa met en permanence en avant les dialogues instrumentaux, entre ce sax toujours omniprésent et la guitare, mais aussi les claviers et cette basse à la ligne toujours efficace.
Réfractaires au jazz s'abstenir ! Pour les autres, Panzerpappa est une formation à découvrir d'urgence.
Benoît Herr
PS : Perspicaces comme je vous connais, vous n'aurez pas manqué de vous demander ce qu'était un tronophone, pas vrai ? Il s'agit d'un instrument à cordes percuttées très simple conçu par Trond Gjellum lui-même. Trois cordes de guitare basse sont placées sur une planche d'un mètre de long environ. Le son produit par la vibration des cordes, qui ressemble à celui d'un violoncelle en déformé, est récupéré par un microphone de contact et amplifié. On en joue avec les doigts, un archet ou une baguette de batterie. Sur "Farlig vandring", on peut entendre le tronophone sur la partie improvisée du premier morceau "farlig ring (på tynt vann)" et sur le dernier "ompapaomompapa".
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