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Difficile de donner un successeur à l'excellentissime "You all look the same to me", que j'avais personnellement porté au pinacle en 2002. Et manifestement je n'étais pas le seul, puisque 80000 exemplaires s'en étaient alors vendus rien qu'en France.
On attendait en outre Archive au tournant après le très décevant "Michel Vaillant". Bien sûr, l'alibi pour commettre un tel album est tout trouvé : il s'agissait d'une commande, d'une musique de film, avec ses contraintes etc? Bref, passons sur cet épisode? autant dire que "Noise" était attendu de pied ferme.
Dans l'ensemble, "Noise" tire un peu les mêmes ficelles que son prédécesseur "You all look the same to me" (je n'arrive pas à considérer "Michel Vaillant" comme un album d'Archive à part entière). Les compositions sont cependant moins longues et ont globalement moins de puissance. Aucune n'arrive à la cheville de l'intensité d'un "again", le titre d'ouverture du précédent, qui totalise plus de 16 minutes. En lieu et place de "again" on trouve "noise", un titre certes sympathique mais sans commune mesure avec la montée en puissance progressive et inéluctable de "again", qui se rapproche de ce que pouvait délivrer un "echoes" de Pink Floyd il y a plus de 30 ans. Sur le plan de la thématique ce morceau plante le décor de l'album : celui d'un couple ayant quelques divergences de vues, qui se termineront plus loin par une rupture suivie d'une chanson d'amour, de beaucoup de nostalgie et de regrets.
Mais pour l'instant c'est "fuck u", la grosse dispute et un titre formaté pour devenir un tube. Comment une seule chanson peut-elle contenir autant de haine ? On n'avait pas vu cela depuis les Sex Pistols et leur "no future"? Pour être figurative et bien illustrer la scène de ménage c'est réussi ! Les "je voudrais te coller un pain" et autres "il y a tellement de merde qui sort de ta bouche que ça doit te prendre toute la journée" se succèdent sur un rythme lancinant, sans compter les "fuck you anyway" de rigueur. Elle devait vraiment lui sortir des yeux, sa nana, à Darius Keeler ! Malgré ces paroles outrageuses, on arrive à trouver le morceau entraînant et plaisant.
Les deux compositions suivantes sont à mon sens les meilleures de l'album, avec d'abord la plus longue du lot : 10 minutes (sur un total de 58 minutes) pour "waste" et 7 minutes pour "sleep" (déjà le temps des remords et des insomnies). On retrouve là les développements vaporeux à l'orgue Hammond, caractéristiques du groupe. Puis, après un intermède dispensable baptisé "here" arrive "get out" : le moment de la virer est arrivé. Suivent le plutôt soporifique "conscience" et "pulse", au beat étonnant, saupoudré là aussi d'un brin d'orgue Hammond. On continue à positiver avec un nouvel intermède appelé "wrong"? ça y est, elle est partie et son amour lui manque déjà. Comme ça peut être con, un mec, parfois ! Puis c'est au tour de "love song" -ah, quand même ! Mais il est trop tard, bonhomme- et de "me and you", qui concluent l'album. C'est le temps des regrets et des lamentations teintées de mélancolie sur ce morceau poignant et simple, sur lequel l'orgue répond à la voix plaintive sur un rythme lancinant.
Ajoutons que la pochette tout comme le livret sont superbement illustrés et incitent aux errements de l'esprit autant que la musique en elle-même. Alors ? Réussie, cette figuration musicale si banale (une rupture) qu'on n'ose pas appeler "Noise" un concept ? Je répondrais que oui, tout de même. Mais on attendait tellement mieux, tellement plus, de ce groupe qui promettait tant il y a deux ans et demi que ce pâle successeur à son album de référence, "You all look the same to me", qui va demeurer une référence encore pour un moment.
Note : 4/5
Benoît Herr
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