Pendragon : Concerto Maximo (2009 - 2 cd / 1 dvd - parue dans le Koid9 n°70)
Allez, je vous le donne Emile, où la dernière prestation scénique de Pendragon a-t-elle été filmée ? OK c’est pas drôle … C’est vrai qu’à ce rythme on finira bientôt par poser la question en ces termes : "dis, c’est qui les prochains à passer au Wyspiański Theater de Katowice ?". Mais en même temps, peut-on décemment blâmer nos amis Polonais de toujours nous resservir la même ambiance scénique, lorsqu’en notre beau pays le simple fait de poser un trépied dans la salle la plus minable impose au groupe ou au label de se fendre de quelques milliers d’euros de droits de captation ? Je passe volontairement sur les tarifs des salles eux-mêmes ainsi que les divers prélèvements obligatoires aussi variés que dispendieux pour parvenir à la conclusion logique qu’aujourd’hui les événements intéressants se passent ailleurs, CQFD. Il se trouve en l’occurrence que le Wyspiañski est tout sauf une salle de seconde zone, ce qui contribue à nous consoler. C’est même un chouette théâtre à double ou triple balcon façon Montansier à Versailles, mais simplement de taille relativement modeste. Et c’est sur cette scène finalement à la dimension du groupe (sans vouloir me montrer exagérément irrévérencieux à leur encontre) que Nick Barrett et ses acolytes ont choisi de laisser un témoignage en couleurs et en décibels des 29 ans d’existence de la formation anglaise. Avant de dire tout le bien que j’ai pensé de leur prestation, je vais évacuer un aspect qui m’a déplu, en l’occurrence "l’aliasing" ou "crénelage/effet dents de scie" qui affecte toutes les diagonales. La faute sans doute à cet improbable choix technique du format US NTSC, qui plafonne à 480 lignes de résolution verticale lorsque le PAL du haut de ses 576 maigres faisceaux a déjà bien du mal à satisfaire les tout nouveaux amateurs de Blu-Ray au rang desquels votre serviteur ! Sur un poste cathodique de 72 cm de diagonale ça passe sans doute encore, mais les éditeurs de contenu vidéo devraient commencer à réaliser qu’aujourd’hui la norme c’est plutôt le 107 cm, et que remplir 720 lignes (HD Ready) voire 1080 (full HD) avec 480 ça pose fatalement problème une fois devant le canapé ! C’est d’autant plus regrettable qu’il y a de bonnes chances que le set ait été filmé en HD, le standard de facto des caméras professionnelles depuis longtemps … La colorimétrie est très bonne pourtant, ainsi que la gestion du ratio d’éclairage scénique frontal/arrière. Ainsi on ne rencontre aucune saturation sur les visages dont on distingue aisément tous les détails (du moins dans la limite de ce que le NTSC peut offrir …). Les prises de vue sont excellentes également, ainsi que la dynamique d’enchaînement des plans. Pas moins de 10 caméras (environ) sont mises en œuvre au service d’une grande diversité des angles de vue, et la succession des scènes pourtant dynamique évite l’écueil de "l’effet nausée". Toute cette technique est au service d’un quartet au mieux de sa forme, emmené par un Nick Barrett vraiment magistral tant à la guitare qu’au chant. C’est simple, on dirait presque du play back tant c’est bien joué ! Le son a probablement été capté à la console, mais ce que le "naturel live" y perd est largement compensé par une piste sonore (proposée en Dolby Digital 2.0 et 5.1, mais malheureusement pas en DTS) de qualité impeccable. D’ailleurs l’édition collector de ce DVD ajoute 2 CD pour celles et ceux qui voudraient revivre le concert en voiture (par exemple). Je ne vous ferai pas l’article sur les morceaux eux-mêmes, que tout acheteur de ce DVD connaît et apprécie déjà, par définition. Je dirai simplement que leur enchaînement m’a semblé quasi idéal. Les 4 premiers titres notamment se succèdent avec maestria, chaque musicien y mettant tout son art pour les faire vivre, et notamment le sympathique et toujours exubérant Scott Higham qui sue abondamment derrière ses fûts ! Précisions que Scott n’est pas seulement enjoué lorsqu’il est filmé, ce que j’ai eu le loisir de constater à Paris en octobre dernier. Quant à Clive Nolan, il affiche comme à son habitude un flegme que quelques sourires de contentement viennent néanmoins trahir de temps à autre. A tout seigneur tout honneur, les prises de vue font la part belle à Nick Barrett et sa fidèle Stratocaster vert-métallisé, qu’il troquera brièvement sur "pure" pour une Gibson Les Paul. De nombreuses vues au téléobjectif donnent une perspective idéale au concert, d’autant que les seconds plans permettent de suivre Clive (par exemple) tandis que l’objectif détaille la prestation du leader. De même, de sympathiques travellings de Scott depuis le côté de la salle permettent de le voir à l’œuvre dans être masqué par son drumkit, voire même de l’observer depuis l’arrière avec les spectateurs de face. Enfin une Louma nous régale de quelques vertigineuses plongées depuis le toit du théâtre vers la scène, avec toutefois une parcimonie de bon aloi. En fait le parent pauvre de cette captation n’est autre que (ceci expliquant probablement cela) le discret Peter Gee à la basse, qui n’est généralement visible que sur les plans larges par nature moins avantageux. Visitant logiquement les derniers opus "Believe" et "Pure", les titres tels "shadow" ou "master of illusions" passent toujours aussi bien en concert, autant qu'ils ont marqué ce magnifique album (le meilleur de Pendragon, à mon humble avis) qu’est "The masquerade overture". Si l’ensemble des titres de ce DVD semblent s’enchaîner à merveille c’est peut être aussi parce que Pendragon a relativement peu fait évoluer son propos au fil des pourtant nombreux albums qui ont émaillé les trois dernières décennies. Je présume que les "fans" inconditionnels ne souscriront pas à cette assertion, mais c’est ce qui fait pour ma part que 2 ou 3 albums seulement du groupe suffisent à mon bonheur … En l’occurrence le "fan" ne se sentira pas lésé par cette galette optique, qui n’a jamais aussi bien mérité le qualificatif de "Concerto maximo" du haut de 17 titres et 2h30 de prestation au compteur. Peut être un peu long eu égard à ma remarque ci-dessus, mais quand on aime … Au final un excellent témoignage de ce groupe majeur de la scène prog. Dis monsieur Metal Mind, tu nous le sors quand en Blu-Ray ? Serge Llorente |