Poetica In Silentio : Poetica In Silentio (1996 - cd - parue dans le Koid9 n°48)
Parfois la vie est bien faite ! C’est l’ami Benoît Herr qui m’a mis d’office ce CD dans la main en m’affirmant qu’à ce prix-là, c’était une affaire. Bon, moi, mec cool et influençable, j’ai acheté l’album sans rechigner tellement le prix était faible. Une bonne dizaine de jours après, je pose enfin ce disque de 1996 (une auto-production apparemment) dans le tiroir du lecteur et j’écoute le premier titre tout en faisant autre chose. Mélodiquement, cela me paraît très bon, très accessible aussi, bien qu’assez élaboré l’air de rien. Le deuxième morceau est encore plus fouillé, plus technique et si agréable à mes oreilles exigeantes que je m’empare du livret pour faire connaissance avec ce groupe qui promet méchamment. Poetica In Silentio provient de Hollande malgré ce patronyme transalpin. Ils chantent en anglais, voir en hollandais sur un titre, leurs CD sont disponibles en Allemagne, c’est donc un vrai groupe européen ! Leur musique n’est pas compliquée à décrire : du super progressif qui prend sa source auprès des meilleurs groupes anglais (Camel et Caravan par exemple), avec un chant et une atmosphère qui rappellent Van Der Graaf par moments ou le Jethro Tull acoustique sur certains passages. Il s’agit là d’impressions fugaces, pas de pompage ou de pillage, juste des associations d’idées qui surviennent au fil de l’écoute. La composition du groupe est classique : un chanteur guitariste, Jurtko Moerbeek, à la voix fruste mais expressive, un guitariste solo, Daan Haeyen, adepte de la wah wah, un bassiste, Erwin Van Den Broeck, un batteur sobre et technique, Ruben Van Der Burgh, et une violoniste, Cynthia Prummel. Je le dis sans détour, ce premier album est excellent ! Parmi la dizaine de morceaux, on note le très bel instrumental "while you were looking", à la fois puissant et maîtrisé, l’ambitieux "to the witch in the hurst" qui est une tentative plutôt aboutie de pièce musicale à rebondissements dont l’ambiance lourde fait penser immanquablement au Peter Hammill de "Still life", le sautillant "two gnomes" et son break plein de délicatesse ou le très naïf (limite débile au niveau des paroles) "the bee" qui s’enflamme et vire au hard rock (oh, pas méchant et pas longtemps !) . L’enregistrement a été réalisé sur un 4 pistes, sans overdubs. Eh bien, chapeau ! Le résultat est de bien belle facture : très fin, homogène et dynamique, analogique pourrait-on dire… Il s’agit donc là d’un premier opus très agréable, qui révèle un groupe qui a réussi d’emblée l’alchimie entre technique, simplicité, sensibilité et feeling, ce qui reste assez rare pour être signalé. Comme le disait Benoît : "Ce n’est pas un disque qui révolutionne le Progressif". Bon, c’est entendu mais c’est à coup sûr le meilleur rapport qualité - prix de ce trimestre. Dominique Reviron |