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Poverty's No Crime : The Chemical Chaos (2003 - cd - parue dans le Koid9 n°48)

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Cinquième album pour ce groupe qui semble rester "un espoir du progmetal allemand", après le plutôt réussi "One in a million" que j'avais chroniqué en 2001. Quand on voit le dernier Dream Theater, on se dit que le succès et certains médias sont bien injustes. Même si Poverty's No Crime (qui a déjà le mérite d'avoir un nom vraiment hors du commun !) ne fait pas preuve de génie, il s'agit d'un groupe de plus en plus perfectionniste et doté d'un talent indéniable pour composer des morceaux intéressants et mélodiques, empreints d'une certaine puissance dramatique.

"The chemical chaos" fait preuve d'une grande unité. C'est à la fois une qualité et un défaut car les titres, presque tous enchaînés -ou tout du moins accolés– sonnent de façon un peu trop similaire. Sans être monotone, l'ensemble, pour peu qu'on n'y accorde pas assez d'attention, peut donner une certaine impression d'uniformité, notamment à cause des sons de guitare peu variés. C'est à peu près le seul reproche qu'on puisse leur faire ici car cet album est une belle réussite.

Parmi les influences du groupe, on pourra citer Dream Theater à une certaine époque (surtout les 2 premiers albums) et puis Rush (période 78-90), peut-être quelques traces de King's X et quelques riffs (rares) rappellent Metallica… en moins pachydermique. Le groupe possède quand même une touche bien à lui. Ce nouvel album assez long (près de 64 mn) est sensiblement moins lourd que "One in a million", malgré un certain durcissement vers la fin, alors qu'il aurait mieux valu inclure au moins un morceau vraiment doux. Cela vaut pour le son aussi bien que pour les arrangements et c'est tant mieux. "The chemical chaos" est composé de 9 titres tournant souvent autour des 6-7 minutes, voire plus (plus une belle version "acoustique" d'un morceau de leur 3ème album, "access denied"), bien énergiques mais ménageant de nombreuses sections plus calmes qui permettent à leur musique de respirer. Poverty's No Crime construit des climats étranges, des atmosphères dramatiques où les claviers de Jörg Springub ont une grande importance. La richesse de ses sonorités est également rafraîchissante (piano, orgue Hammond, timbres orchestraux et d'autres plus synthétiques). Les mélodies vocales sont un autre atout majeur du groupe. Le chanteur, guitariste et parolier Volker Walsemann possède une voix chaude, tour à tour claire puis plus rauque et gutturale, qui rappelle légèrement David Gilmour. Sa façon de chanter passionnée convient bien à ses textes souvent réalistes et sombres, voire tragiques. Au fait, cet album est une sorte de concept basé sur la théorie scientifico-philosophique du Détermi-nisme (horriblement déprimante !).

"Equilibre" est le mot le plus adapté pour qualifier cet album : entre les instruments et le chant, tous aussi importants, entre agressivité et mélodie, entre passion et savoir-faire. Nous n'avons pas affaire à des virtuoses démonstratifs mais à des musiciens compétents qui savent surprendre sans faire beaucoup d'étalage, qui privilégient les mélodies accrocheuses. Ca ne les empêche pas de nous concocter des morceaux à rebondissements et notamment un instrumental de sept minutes assez dense ("terminal grip"). En plus le son est superbe de clarté et de profondeur. Ils méritent vraiment qu'on leur donne une chance !

Marc Moingeon




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