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Ce CD enregistré en concert en avril 1978, dans le cabaret bourguignon "A l'ouest de la Grosne", fait partie d'une série d'enregistrements édités par Musea en hommage à Jacky Barbier, le maître des lieux en question récemment disparu, qui en était également l'ingénieur du son. La prise de son et le mastering de cette performance sont d'ailleurs remarquables de clarté, surtout étant donné l'époque.
David Rose est un violoniste américain, membre du groupe Transit Express. il fit ensuite plusieurs albums sous son nom avec une partie des mêmes musiciens. En fait, il compose peu. La plupart des morceaux gravés ici sont composés par le claviériste du groupe, un certain Serge Perathoner, dont vous connaissez forcément le thème archi-célèbre qu'il a composé il y a déjà bien longtemps pour l'émission Ushuaia (quasiment la seule qui vaille la peine d'avoir une télé d'ailleurs !), avec son compère le bassiste Janick Top (ex-Magma). Mais la musique que joue David Rose et son groupe en ce printemps 78 est bien différente ! Perathoner, qui œuvre au piano électrique (superbe son "brillant") et au synthé, semble plus influencé par un jazz très libre, à tendance expérimentale, genre Soft Machine ou plutôt Mahavishnu Orchestra, voire Magma. Au fait, les amateurs de Happy The Man retrouveront quelques similitudes bien sûr, avec bien plus de dissonance. A côté de Rose et Perathoner, on trouve Claude Salmieri (batterie), Gérard Prévost (un cousin musicien de notre bien–aimé Rédac'Chef ?!) et Gérard Kurdjian (percussions). 7 morceaux principaux de 6 à 23 minutes, qui laissent la part belle à l'improvisation. On retrouve un certain esprit à la Coltrane ici… Certains apprécieront. Moi, ce n'est pas trop mon truc, avouons-le… Pourtant, les musiciens se donnent à fond et possèdent une certaine technique, c'est clair. Le groupe est capable de créer des atmosphères oniriques à un moment puis d'exploser sans crier gare… Gérard Prévost dépasse de loin le simple rôle de support rythmique et s'octroie plusieurs solos de basse avec un son distordu fort en vogue à l'époque. Curieusement, c'est le violon électrique de Rose que je ne trouve pas très marquant… Il part parfois dans des délires très dissonants à la limite du supportable, même sur des sections apaisées ("skyway", "the distance between dreams" qui s'étale sur 23 mn). Affaire de goût bien sûr mais je trouve que c'est dans les passages calmes, parfois inspirés par un certain classique typé début 20ème (Ravel, Bartok), qu'il se débrouille encore le mieux, notamment sur les 3 premiers morceaux : "late afternoon", "le petit prince/starset" et "worlds apart" qui finit par décoller dans la deuxième moitié.
Comme souvent dans ce genre de performance où une place très large est laissée à l'improvisation, il y a des instants très forts et des temps morts ou bien encore des passages trop anarchiques. Il faut sans aucun doute se concentrer pour essayer de se mettre dans l'ambiance du concert, où la perception est en général bien différente de celle obtenue en passant un CD sur la stéréo de son salon… C'est à cette condition qu'on pourra apprécier au mieux la musique de Rose et de ses compères.
Marc Moingeon
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