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Cet album est le résultat de la mini-tournée effectué par Renaissance au Japon début 2001, soit assez longtemps après la sortie de l’album "Tuscany" en 1999 (chronique dans le Koid’9 n°38). Le Renaissance version 99 ne comptait en fait que trois ex-membres dans ses rangs : le guitariste et principal compositeur Michael Dunford, la chanteuse Annie Haslam et le batteur Terry Sullivan. Le pianiste John Tout n’intervenait que comme invité sur trois morceaux, remplacé par l’excellent Mickey Simmonds, décidément l’homme de toutes les situations. La basse était alors tenu sur disque par un certain Alex Caird mais sur ce live, il s’agit d’un autre musicien, David Keyes. La formation était complétée par Rave Tesar au piano et aux synthés, un fidèle collaborateur d’Annie Haslam.
C’est Giant Electric Pea, le label de Martin Orford, qui a sorti ce double album à un prix très raisonnable en Europe (celui d’un simple album normalement). L’album a été entièrement enregistré le 16 mars 2001 à Tokyo.
En 1h45, cette formation réussit à nous faire revivre la magie des grands moments des années 70, tout en apportant une touche moderne. Sur 15 morceaux, on retrouve seulement 4 titres extraits de "Tuscany" dont l’excellent "dear landseer", ce titre digne des vieux albums avec des vocalises suraiguës d’une pureté à vous faire tomber à la renverse, preuve qu’Annie Haslam demeure une très grande chanteuse. De même ses prouesses incroyables sur "lady from tuscany" sont identiques à celles de la version studio. La dualité du morceau, tour à tour lent et classisant puis sautillant et joyeux paraît moins choquante en concert et ce titre est finalement meilleur dans ce contexte. Sur le deuxième CD, perdu au milieu de quelques unes des grandes suites des années 70, "one thousand roses" qui atteint presque les 8 minutes prend une dimension plus puissante, grâce en partie à la virtuosité de Mickey Simmonds, et dépare à peine par rapport aux classiques incontournables que sont "a trip to the fair" et "mother russia".
Côté arrangement, il n’y a pas d’orchestre mais la présence de deux claviéristes, plus la qualité excellente des échantillons orchestraux de Simmonds donne au groupe une dimension bien supérieure de ce point de vue à ce qu’il pouvait avoir dans le passé sans un véritable orchestre. Par contre l’absence de Jon Camp à la basse se fait sentir assez cruellement. Camp, avec son style très mélodique et ses sonorités puissantes remplaçait en partie l’orchestre, ce qui n’est pas le cas de David Keyes, très bon musicien dont le style et le son sont cependant assez différents.
Annie Haslam était en grande forme ce soir là et tous les musiciens sont remarquables de technique (sauf peut-être Dunford qui, malgré son rôle primordial de compositeur, n’est qu’un guitariste moyen, plus accompagnateur que ne l’est le bassiste, en fin de compte … ).
Côté souvenir, on retrouve l’inévitable "carpet of the sun" en ouverture, sûrement le morceau le plus facile à fredonner de Renaissance (le chanter comme Annie relève par contre de l’exploit !), les deux pièces d’anthologie pré-citées dans des versions magnifiques, en particulier le torturé "trip to the fair" qui pendant près de 12 minutes mêle classique à la Stravinski, une musique de fête foraine, du jazz (le solo de piano et de vibraphone) mais aussi des titres courts pas forcément indispensables comme le très lent et statique "midas man" ou "opening out" et "northern lights" extraits de "song for all seasons". On aurait préféré "ocean gypsy" malheureusement absent du répertoire ce soir-là.
Annie Haslam s’est aussi curieusement octroyée une "partie solo" en reprenant à la suite trois extraits de ses albums, la reprise de Mike Oldfield "moonlight shadow", assez supérieure à sa version plutôt froide de 1989 mais toujours pas aussi bonne que celle d’Oldfied avec Maggie Reilly à mon avis. Et puis les deux premiers morceaux de son album "Dawn of ananda" (cf. Koid’9 n°39) : le magnifique et aérien "precious one" et l’orientalisant "ananda" rallongé d’un beau solo de sitar synthétique de Mickey Simmonds ! Le concert de termine avec deux extraits de "Ashes are burning". Tout d’abord, le court mais très beau "I think of you" dont l’arrangement a été changé : cette version est interprétée principalement par Dunford à la guitare acoustique et Sullivan aux percussions avec encore une fois une performance remarquable d’Annie. Enfin l’éternel "ashes are burning", où le groupe improvise comme par le passé jusqu’à étendre le morceau à 20 minutes. Le morceau est l’occasion d’entendre Rave Tesar et Mickey Simmonds tout deux au piano pendant un moment sur des improvisations jazz puis le traditionnel solo de basse où on se rend compte que Keyes joue sur une 6-cordes au son plus aigu que la 4-cordes traditionnelle. Ensuite c’est au tour de Mickey Simmonds de nous asséner un solo de synthé virtuose et déchaîné dont le son évoque sérieusement celui d’une guitare électrique ( !) avant la traditionnelle citation de JS Bach à l’orgue et la reprise du thème principal parfaitement rendu comme en studio grâce aux deux claviéristes. Le clou final c’est bien sûr le solo vocal d’Annie qui pour une fois ce soir-là s’égare un peu dans les suraigus… Mais on lui pardonnera tant elle a été brillante tout au long du concert.
A noter que la prise de son est parfaite… il s’agit donc d’un album live plutôt réussi, même s'il est un peu court et la liste des morceaux aurait pu être un peu meilleure, mais c’est l’éternel point subjectif d ’un live ou d’une compilation…
Depuis Haslam et Dunford ont annoncé que Renaissance était de nouveau dissout. Cependant, contre toute attente, une rumeur annonce que Terry Sullivan, peut-être dynamisé par cette reformation aurait un projet musical en chantier avec les deux grands absents : John Tout et Jon Camp, dont on n’a plus entendu parler depuis 1983 !!! Même sans la présence d’Haslam, c’est sans doute un projet à suivre.
Marc Moingeon
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