Argos : Circles (2010 - cd - parue dans le Koid9 n°74)
Les Allemands d?Argos mettent les bouchées doubles. A peine un an après la sortie de leur prometteur premier album en voici un second nommé "Circles" supérieur à son prédécesseur. Aux manettes, toujours, le duo Thomas Klarmann / Robert Gozon qui officiait jadis au sein de Superdrama, aidés ici par le batteur Ulf Jacobs et le guitariste Rico Florczak qui ont rejoint le projet en décembre 2008 et apportent beaucoup ici. Comme souvent, nous revoici projetés en arrière droit dans les années soixante-dix et les trois premiers contours de ces cercles ne dépareraient pas feu l?école de Canterbury bien calés entre Caravan, Hatfield And The North, Soft Machine, voire Camel quand le chameau jazzait. On pense même d?entrée de jeu à du Ponty sans violon mais avec synthé (cf. l?intro de "sammel surium"). Les voix semblent de prime abord assez quelconques mais c?est justement ce qui donne ici de l?originalité au CD. Quand ça pulse dru derrière ("a thousand years"), leur absence d?emphase, leur intimité, font mouche et font pour beaucoup au plaisir ressenti. Pas de prise de tête ici, avec un chant maniéré à la? suivez nos nombreux regards. Claviers et mellotron bien tempérés, rappels au Beatles avant échappées cameliennes ("lines on the horizon") font mouche même s?il manque peut-être une dose d?urgence dans tout cela qu?on déniche quand même parfois au creux d?un "sun and moon" qui décolle grâce à la guitare de Florczak. On trouve aussi de bien belles mélodies, l?intimiste "custody of the knave" qui rappelle ce que faisait les Suédois de Carptree ? existent encore, ceux là ? Plus loin, "willow wind" est une bluette acoustique façon sixties réussie dans son genre avec sitars, clavecin, violons et tout le toutim n?annonçant en rien l?exercice jazz-rock de "total miss retail". Bref il y a à boire et à manger sur ces cercles-là, certainement un petit peu trop longs au total mais Argos est une bonne balise. Son signal est suffisamment net et original pour bien la capter sur nos écrans radars. Jean-Marie Lanoë |