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Derek Sherinian : Black Utopia (2003 - cd - parue dans le Koid9 n°46)

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Encore une fois, Derek Sherinian a réussi à réunir autour de lui une brochette de stars. Après les noms prestigieux qui l’avaient rejoint sur Planet X, on retrouve parmi les participants à cet album solo certains des plus grands noms de la scène jazz, rock et métal. Steve Lukather et Simon Phillips de Toto, Yngwie Malmsteen, Billy Sheehan (Mr Big), Al DiMeola, Zakk Wylde (Ozzy Osbourne), et j’en passe ! Ce disque est un véritable Who’s Who !

Mais bien évidemment, il ne suffit pas d’un line-up alléchant pour faire un bon album, "Leonardo" ou "Raise the mammoth" de Trent Gardner en sont des exemples édifiants. Or, c’est là un travers qu’évite soigneusement Sherinian.

Les 9 titres de "Black utopia", tous instrumentaux, varient les ambiances, à l’image de leurs participants, même si, comme on aurait pu s’en douter, la tendance métal est prépondérante. Ce sont d’ailleurs ces couleurs stylistiques changeantes qui impriment une identité résolument originale à ce disque. A aucun moment l’on ne se dit que ce qu’on écoute pourrait être du Planet X. Certains titres lorgnent même plutôt du côté de Gordian Knot, comme le superbe "starcycle".

Pas la moindre faute de goût, ce projet all-star est en tous points irréprochable, si ce n’est dans la production, mais j’y reviendrai. Chaque intervenant a l’espace nécessaire pour s’exprimer, et c’est un Sherinian plus jouissif que jamais qui s’amuse à doubler les soli, joue aux questions/réponses avec Lukather, au contrepoint avec Di Meola, etc...

Il mène tellement bien sa barque, le bougre, que les apparitions de Malmsteen, parfaitement contrôlées, se coulent parfaitement dans l’esprit du projet pour le servir sans tirer la couverture à lui.

On peut difficilement passer sous silence la merveilleuse section rythmique qui officie sur le disque. La paire Phillips/Sheehan, puissante, incisive, dirige à la baguette le développement des morceaux, et tient la dragée haute à leurs homologues de Gordian Knot, Bill Bruford et Sean Malone. Nos deux lascars ne s’octroient sur ce disque du repos que le temps d’un titre acoustique, "gypsy moth", sur lequel officient Al Di Meola, Sherinian au piano, et Jerry Goodman au violon.

Au final, on regrettera simplement qu’un tel disque n’ait pas bénéficié d’une production à la hauteur. Derek Sherinian n’a pas la patte d’un Simon Phillips, qui avait merveilleusement produit Planet X (il est cependant crédité en tant que co-producteur, une ligne en dessous ; on subodore qu’il a dû faire en sorte de réparer les pots cassés). L’album manque de clarté, et les guitares rythmiques phagocytent souvent claviers et basses. C’est d’autant plus regrettable lorsqu’on est face à un disque d’une telle qualité, servi par des musiciens d’exception.

Mais que cela ne vous décourage pas, "Black utopia" est sans le moindre doute un album indispensable !

Daniel Beziz




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