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Motoi Sakuraba : Force Of Light (1999 - cd - parue dans le Koid9 n°29)

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Au pays du soleil levant, un virtuose du clavier (tendance analogique, of course) s’est depuis quelques années spécialisé dans un genre singulier : la musique pour jeu vidéo. Certains d’entre vous s’imaginent peut-être qu’il s’agit d’une suite de  "bip-bips" et de "bang-bangs" sans intérêt, mais je les détrompe tout de suite, car l’artiste dont il s’agit ici a une bien plus grande ambition que la simple illustration sonores d’images virtuelles sans vie. En effet, en choisissant cette voie, cela lui permet de gagner sa vie tout en laissant s’exprimer sa veine créatrice. Et le résultat est si réussi que je pense que tout amateur de progressif qui se respecte ne peut à l’écoute de cette musique que délaisser sans regret le joy-stick pour s’installer bien calé dans son fauteuil pour un voyage mémorable à travers une musique digne d’accompagner une superproduction hollywoodienne façon Spielberg.

Il faut dire que Motoi Sakuraba n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’il s’agit déjà du 3ème opus du genre (à nouveau entièrement conceptuel et instrumental), mais pas un instant dans les 10 morceaux qui constituent l’album il n’y a la moindre impression de Déjà-Vu (allusion à la formation au sein de laquelle il a fait ses premières armes progressives, et laissait déjà entrevoir une carrière remarquable) , même si les caractéristiques principales de son style se retrouvent : des morceaux constitués de parties ébouriffantes et époustouflantes de technicité (mais dont l’accès n’est jamais hermétique), alternant avec d’autres d’une grande ampleur, aux mélodies fortes et bouleversantes d’évocation. Décidément ce sacré bonhomme s’y connaît pour nous manipuler : d’ailleurs, comme il l’explique lui-même dans son livret (traduit en anglais cette fois-ci, ce qui permet de connaître un peu mieux ses motivations et sa carrière), chaque morceau est calibré au millimètre près, note après note, pour illustrer une palette de sensations en accord avec chaque phase du jeu vidéo.

Motoi est comme d’habitude accompagné de son fidèle batteur Takeo Shimoda, qui sait parfaitement souligner les atmosphères du maître du jeu. A leur côté, un nouveau musicien fait son apparition sur certains morceaux, en remplacement du violoniste : il s’agit de Takashi Aramaki (guitariste du groupe Outer Limits), qui apporte par son jeu tantôt lyrique, tantôt "Frippien" une originalité particulière à "Force of light".

Peut-être moins célèbre que ses compatriotes Gérard et Ars Nova (il est vrai que pour se faire mieux connaître en France, il aurait pu choisir un pseudonyme plus facile à retenir tel que Marcel ou Mamie Nova !), je pense que, sans rien enlever du talent de ceux-ci, Motoi Sakuraba mérite la première place du podium tant il sait allier à la fois sophistication et un sens mélodique exceptionnel. Vous l’aurez donc compris : si ce n’est pas encore fait, partez immédiatement à la découverte de ce disque haut en couleurs et riche en émotions fortes, certainement un des albums majeurs de l’année qui commence !

Michael Fligny




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