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Shub Niggurath : Testament (2003 - cd - parue dans le Koid9 n°46)

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Amateurs de mélodies facilement mémorisables et amoureux de la vie devant l'éternel, passez à la chronique suivante car le monstre démoniaque Shub Niggurath est de retour. Avec un nom pareil, on peut penser que cette formation n'est pas là pour rigoler. Et on ne se trompera pas, c'est le moins que l'on puisse dire. Voici déjà vingt ans que Shub Niggurath (qui tient l'origine de son doux nom d'une légende tirée de l'imagination abominable de l'écrivain Lovecraft) est né sous la forme d'un ensemble de six musiciens dont trois resteront jusqu'à la fin. Il s'agit de Véronique Verdier (trombone), Jean Luc Herve (guitare) et Alain Ballaud (basse) dont la mort, suite à un cancer, sonnera le glas de ce groupe à la musique radicale. Après deux albums "Les morts vont vite" (1987) et "C'étaient de grands vents" (1991), sortis tous les deux chez Musea, le groupe continua durant trois ans encore à tourner tout en enregistrant quelques morceaux jusqu'en 1995, à la disparition d'Alain Ballaud. C'est le fruit de ce travail accumulé entre 1992 et 1995 que "Testament" se propose de nous faire partager en guise d'ultime témoignage d’un musicien disparu et par conséquent d'un groupe. Les pièces musicales qui constituent cet album à la pochette noire et dépouillée de tout artifice sont des improvisations assez radicales, presque bruitistes et très orientées vers l'électroacoustique. Les crissements de cordes et les soli quasi continus du batteur Edward Perraud cèdent parfois la place à des couches sonores dont les climats angoissants risquent de provoquer chez l'auditeur une envie de se noyer dans la torpeur. La durée assez longue des dix morceaux (sans noms) ne fera que renforcer ce sentiment d'oppression avec cette idée de ne plus pouvoir s'en sortir. Si certains d'entre vous se sentent à l'aise dans cet environnement oppressant, vous serez comblés car Shub Niggurath est aujourd'hui encore une référence en matière de musique contemporaine (notons au passage l'accessibilité du premier album "Les morts vont vite", proche de l'esprit d’Univers Zero et de Magma qui est une bien meilleure manière d'appréhender l’œuvre). Pour les autres, une seule solution s'offre à vous : Appuyer sur la touche Eject de votre lecteur.

Patrick Robinet




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