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Quelle bonne surprise ! Je m'en voudrais presque d'avoir ignoré jusqu'à l'existence de ce groupe, qui m'a vraiment tapé dans l'?il. Les gus sont pourtant auteurs de 3 autres albums, sortis régulièrement à raison d'un tous les 2 ans depuis 2004. Un petit coup d'?il dans mes archives et je découvre que ma collègue Laure vous en a déjà parlé dans le Koid'9 n°66, à l'occasion de la sortie du disque précédent, "Far from the sun". Peu importe le temps perdu, essayons plutôt de rattraper nos lacunes.
Siena Root venant en rajouter une couche dans ce sens, comment ne pas penser que la plupart des musiciens suédois ont constamment le regard fixé dans le rétroviseur. Mais qui oserait s'en plaindre tant la qualité moyenne de leurs productions est remarquable. Pas moi en tous cas.
Le groupe qui fait l'objet de cet article a été vraisemblablement très marqué par le sceau du heavy-rock du tout début des 70s, mais si j'ai bien compris les épisodes précédents ce "Different realities" apporte une particularité supplémentaire par rapport à ses prédécesseurs : c'est d'y adjoindre des influences des quatre coins du monde (ou plus que quatre si on veut, car une sphère n'a pas beaucoup de coins), avec l'apport d'instruments traditionnels, à la manière de que faisaient en leur temps pas si lointain leurs compatriotes d'In The Labyrinth regrettés au moins par moi (on est sans nouvelles depuis "Dryad" en 2002).
L'album est ambitieux autant par la forme que par le fond, car il est constitué de 2 grandes suites : "we" (4 plages) représentant les aspects les plus rock et "the road to agartha" (6 plages) pour le versant plus ethnique. Mais les deux penchants arrivent malgré tout à s'entremêler comme le prouvent certaines parties centrales de "we" et le fondement rock seventies récurrent de "the road to agartha".
Dès les premiers instants de "we" cela devient évident : la perfusion aux Deep Purple/Uriah Heep des origines a bien pris, à grand renfort d'orgue Hammond, et plus tard des ch?urs craquants à souhait viendront encore renforcer cette impression. À noter aussi que le claviériste fait aussi un usage savoureux du piano Fender Rhodes sur les passages les plus calmes. L'empreinte de Led Zeppelin est elle aussi imprimée en profondeur de par ses influences blues, jusqu'à un chant très similaire qui pourtant se fait extrêmement rare sur cet album.
La seconde partie, "the road to agartha", voit donc les instruments folklo-ethniques (flûtes, sitar, tablas et j'en passe) prendre davantage le pas sur les claviers. Pour une telle musique riche de couleurs et de paysages, le psychédélisme n'est pas loin, et la rythmique solide et entêtante au gros son de basse renvoie parfois au bon vieux Black Sabbath. Autant dire que ce genre de musique doit prendre une dimension amplifiée et hypnotique dans un contexte live.
Rien à jeter dans ce disque où environnement familier et dépaysement total se côtoient sans choquer, nul doute que Siena Root mérite une large attention de tout amateur de heavy-rock progressif du début des seventies. Si comme moi vous aviez loupé les coches précédents, ne loupez pas ce "Different realities" qui va vous faire voyager loin pour pas cher. En ces temps de crise je prends sans hésiter.
Michael Fligny
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