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Si il y avait un album très attendu, c'est bien celui de Sylvan; en effet, Sylvan réussit le tour de force de faire quasiment l'unanimité autour de son nom et de plaire aussi bien aux fans de hard-prog, de néo, de symphonisme, d'aventureux et autres étiquettes…
Si "Delivrance" avait les qualités et les défauts d'un premier album, "Encounters" avait mis beaucoup d'espoir dans cette prometteuse formation allemande; du coup, Sylvan n'avait pas le droit à l'erreur pour ce troisième album.
Et lorsque lors du Prog'Sud je m'entretenais avec les membres du groupe de l'importance de cet album, ils me promettaient un grand disque, qu'ils travailleraient autant qu'il le faudrait et qu'ils accorderaient beaucoup d'importance à la reconnaissance du public, que ce disque serait celui du talent maîtrisé. Promesse tenue !!
Sylvan délivre en un peu plus de 69mn et 9 morceaux une galette très ambitieuse où il apparaît que tous les musiciens ont incontestablement progressé, se sont affranchis de tout gimmick, et où la production atteste d'un énorme travail.
"Deep inside", le morceau qui ouvre l'album est très prenant, il est proche de "encounters" et nous met sur une fausse piste quant à ce qui va suivre. Le 2ème titre est un mid-tempo qui arrive peut-être trop tôt dans l'album et installe un faux calme qui peut être préjudiciable à l'écoute du CD, mais Kay Söhl impose son style. "Strange emotion" lorgne sur un public pop, 4'37 calibrées radio US, avec des chœurs féminins et des cuivres sur le final. "Human apologies" est un track très puissant et déroutant, avec beaucoup d'effets sur la voix suivi par "timeless traces" qui porte vraiment la griffe Sylvan, un style "néo", si l'on veut mais d'une façon que personne n'imite ni même n'égale. "I still believe" très énergique a un côté Cheap Trick, pur hasard car aucun des Sylvan ne connaît ce groupe. "Around the world" est un morceau plus pop, plus groove, qui explore de nouvelles sonorités, une intro jazzy, une guitare sèche, du piano; une touche Spock's Beard réussie. Du piano encore sur les 2'28 de "souvenirs" où Volker Söhl n'est pas en reste avec son frère jumeau. L'ultime morceau éponyme de 20'16 nous permet de retrouver le Sylvan que l'on connaît, qui place ses tableaux et ses climats au mieux pour des émotions et des couleurs que l'on aime, même si là encore ça déborde du cadre progressif en tendant par moments vers du Red Hot Chili Peppers, mais avec un final très chaleureux à l'image de ce qu'est la musique de Sylvan. Et de Sylvan on ne peut en parler sans évoquer Marco Glühmann (SVP, inondez Bernard, de vos demandes de référendum sur le meilleur chanteur de prog actuel en y joignant votre vote "Marco Glühmann !!). Lui aussi a encore progressé, étendu sa tessiture, abordé d'autres façons de chanter, posant toujours sa voix avec une respiration étonnante, soutenant cet "Artificial paradise" comme un baiser sur une main puis confié au vent. Une voix au service de paroles très sombres inspirées par le livre éponyme de Charles Beaudelaire pour un album très ambitieux, peut-être trop diront certains, mais en tous cas les Sylvan ne tournent pas en rond et il est légitime qu'ils veuillent voir leurs talents récompensés au delà de notre sphère progressive. L'impression que me laisse leur réalisation c'est que Sylvan est passé directement du 2ème au 4ème album, sans le passage traditionnellement obligatoire de la confirmation du style par un 3ème album.
Ne restez pas sur votre impression d'une première écoute forcément déconcertante et découvrez l'extraordinaire richesse d'"Artificial paradise". Un album à écouter en boucle. "Turn it on again" clamait Genesis !!
Bruno Cassan
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