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Créé en Janvier 2003, le label du festival américain de musiques progressives NEARfest continue à sortir des lives dont les bandes sont issues des concerts ayant eu lieu depuis 2000. J’ai déjà eu l’occasion de chroniquer le live de Djam Karet pour dire tout le mal que j’en pensais (je parle du groupe, pas de la qualité du live).
Les dernières parutions sont cette fois, toujours des prestations de groupes américains dans des genres plutôt avant-gardistes mais avec un traitement stylistique complètement opposé : si Birdsongs privilégie l’accessibilité et la mélodie, Thinking Plague exploite le champ complexe de l’écriture. Mais il faut tout d’abord saluer la qualité du travail de production de ces deux lives. Même s’ils datent aujourd’hui de plus de quatre ans, ces lives sont indispensables pour tout amateur des groupes qui se sont produits au NEARfest, un festival dont le programme m’a toujours fait regretter de n’avoir pas assez de moyens pour m'offrir un voyage aux Etats-Unis tous les ans. Ce n’est pas avec ce que m’ont proposé les festivals français jusqu’à présent que je me suis consolé.
Bref… J’ai déjà parlé du dernier album de Birdsongs ("The iridium controversy") et avais indiqué à l’époque que ce groupe était dans une phase d’exploration vers le rock progressif traditionnel. Ce live, de par son coté compilation, nous aidera à comprendre ce que la musique de Birdsongs fut jusqu’à "Petrophonic" (2000). Autant dire un melting pot de jazz, de rock et de classique, qui ne laisse aucune chance à un chroniqueur, habitué aux comparaisons, de s’en sortir. C’est ainsi que je conclurais assez lâchement en indiquant que la musique de Birdsongs est équilibrée, honnête, agréable à entendre et pas du tout "prise de tête" (petit clin d’œil vers les allergiques aux musiques avant-gardistes) mais sans pour autant être capable de procurer un plaisir persistant.
Je n’en dirais pas autant de Thinking Plague (dont le premier album est sorti en 1984, tout comme Birdsongs d’ailleurs). Le groupe de Mike Johnson a toujours maintenu son statut de défricheur (et ce n’est pas le dernier album en date, "A history of madness", et son évolution acoustique et atmosphérique qui me contredira). Ce live "Upon both your houses" est l’occasion de parcourir la passionnante carrière musicale d’un des groupes majeurs des musiques progressives. En reprenant cinq titres d’ "In extremis" (1998), quatre d’ "In this life" (1989) -sans doute le meilleur album à ce jour- et deux de "Moonsongs" (1986), Thinking Plague nous entraîne dans un tourbillon sonore hallucinant, mêlant guitare agitée, rythmique solide, chant féminine enfantin, instruments à vents et claviers virevoltants. Empruntant à la fois à Henry Cow (surtout), Yes et King Crimson, la musique de Thinking Plague est riche en harmonies complexes, en cassures rythmiques passant du rock à la musique folklorique slave en passant par la musique contemporaine. Au milieu du set, le groupe nous autorise une pause plus acoustique (prémisse du revirement futur -n’oublions pas que ce live a été enregistré en 2000). On appréciera en particulier un très beau solo de piano impressionniste. Retour ensuite vers les pulsations rock pour le final de ce live indispensable et unique témoignage (comme pour Birdsongs) d’une véritable référence progressive d’avant garde.
Patrick Robinet
Label du groupe
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