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En marge des poids lourds du rock, de la pop ou de la variété, portés à bout de bras par leurs majors moyennant forces campagnes promotionnelles TV glissées entre les yaourts facilitant la digestion et les serviettes hygiéniques, il est rafraîchissant de penser que certains continuent encore de croire en un monde où seul l’avis du dernier maillon, l’auditeur, aurait quelque importance.
Aux spots péremptoires façon "Le nouveau génie du rock", ou "Un ange chante", destinés à convaincre d’incroyables et arrogants "propects" qui oseraient encore douter du talent du "produit" qu’on veut leur fourguer, une formation comme Tinyfish oppose aujourd’hui son premier album, autoproduit, et mouille sa chemise en le soumettant à vindicte populaire, tout simplement…
Un premier album, c’est à la fois plus simple, car on ne risque pas de vous juger à l’aune de vos efforts précédents que vous vous devez irrémédiablement de surpasser et compliquer en même temps car c’est souvent à lui que revient la lourde responsabilité de définir la personnalité d’une formation.
En l’occurrence et en restant schématique, le petit poisson Tinyfish a choisi d’évoluer librement dans la grand mare du néo-prog, cet écosystème comptant aujourd’hui un nombre de locataires sensiblement plus restreint qu’à son heure de gloire voici vingt ans. Dans les faits, le son de Tinyfish est plus moderne que ne pourrait le laisser penser cette description assez réductrice, et si la filiation néo-prog reste indéniable, les 10 titres de cette galette empruntent à la mouvance plus actuelle de nombreuses envolées à l’agressivité contrôlée, principalement sous l’impulsion des guitares de Simon Godfrey officiant également au chant. Dans l’un comme l’autre de ces deux registres, la prestation de Simon est très convaincante, ce qui est capital lorsque l’on a choisi un genre qui simplifie un peu le discours musical au profit du chant et des textes. Simon se voit soutenu par Jim Sanders, également aux six cordes et aux voix, et le titre "sundried" voit même l’intervention du violon ou du violoncelle grâce au concours ponctuelle d’une formation de cinq musiciens venus d’Europe de l’Est.
A la basse, Paul Worwood vient compléter un quartet qui, outre ses compétences techniques, n’est pas en reste du côté de l’inspiration. Les tableaux esquissés au long des 10 titres de cet album dépeignent tour à tour des ambiances tendues, apaisantes, mélancoliques, et au fil des écoutes, on se prend au jeu. Ce qui, au départ, pouvait sembler être un bon album prog-pop révèle sur le terme des qualités qui vont au-delà de ce qualificatif un peu réducteur. Certes les trames mélodiques, rythmiques ou la diction ne se démarquent pas notablement de ce qui a pu être déjà fait au cours de la longue histoire du rock, mais les compétences des membres de cette formation associée à l’assurance que confère la production d’un premier album bien construit et bien produit doivent leur permettre dans un avenir que l’on espère proche de prendre plus de risques. A bientôt donc !
Serge Llorente
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