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Dix années ont passé depuis l’élégant "Sonic origami". "Wake the sleeper" aurait dû sortir il y a près d'un an mais le rachat de Sanctuary par Universal en a repoussé la sortie. Le groupe vient d'accoucher d'un album décidément conçu pour donner aux vieux fans ce dont ils avaient envie : un certain retour au son du début des seventies, avec juste ce qu'il faut de puissance supplémentaire pour faire actuel. Une bonne occasion pour Phil Lanzon de ressortir le bon gros son d'orgue Hammond B3 à roue phonique, omniprésent sur tout l'album. La basse volubile de Trevor Bolder est ronflante et bien présente dans le mixage. Certes, le batteur Lee Kerslake a déclaré forfait pour raisons de santé mais son remplaçant, Russell Gilbrook, au son à la fois puissant et feutré est compétent et lui aussi crédité aux chœurs. D'ailleurs, chez UH, tout le monde chante : cela a longtemps été l’une des marques de fabrique du groupe….
L'ouverture de l'album est à la fois surprenante et familière : le morceau éponyme est une sorte d'instrumental rapide et épique où le groupe chante sous forme de chœurs. "Overload" qui suit est un autre titre rapide nettement plus long, incluant quelques ralentissements et des riffs puissants, où Mick Box assène un de ses fameux solos tourbillonnants distordus à la pédale wah wah, et même Phil Lanzon y maltraite son orgue sur la fin. Quand à nouveau retentissent l'Hammond, les chœurs et le même son très organique sur "tears of the world" à la mélodie inoubliable et au rythme enlevé, on comprend que le groupe a décidé une sorte de retour aux sources stylistique. De fait, le son reste plus ou moins le même sur le reste du disque, globalement assez musclé. Pas de temps mort ici. 50 minutes concentrées, sans remplissage. Petit regret : il peut se dégager une certaine impression de monotonie alors que le Heep des années 70 était réputé pour ses contrastes. "Wake the sleeper" n'est pas trop progressif non plus, même si plusieurs morceaux contiennent des changements de tempo, des cassures ou des montées en puissance. Ceci dit, toutes les mélodies sont fortes, les riffs souvent assez simples mais accrocheurs. Et on peut sans doute qualifier de "progressif" ce qui constitue le sommet de l'album, le long "what kind of god", une complainte de guerrier défait, lente et solennelle au départ, avec une envolée dramatique vers le dernier tiers. Bernie Shaw chante vraiment de manière poignante. D'ores et déjà un des meilleurs morceaux du groupe ! Et comment éviter les superlatifs élogieux à propos du court mais épique "ghost of the ocean" qui rappelle le célèbre " easy livin' " ?
Les cinq hommes ont voulu donner une image résolument dynamique avec ce nouveau disque… En effet, les trois derniers morceaux sont parmi les plus pesants. "Angels walk with you", composé par Bolder, est assez nouveau pour le groupe, avec un riff menaçant et lourd qui rappelle les titres les plus heavy de Blue Öyster Cult. "Shadow" avec ses accords d'orgue martelés et son refrain scandé sent bon le premier album, et "war child", le second titre composé par le bassiste, est une conclusion sombre et majestueuse, avec une mélodie orientalisante très accrocheuse.
"Wake the sleeper" mérite bien son titre : voici un album à même de réveiller bon nombre de vieux fans et de relancer le succès d'un groupe en veine d'inspiration, plein d'énergie et doté d'une vraie personnalité.
Marc Moingeon
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