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Oyez oyez habitants de la planète Zeulh, réjouissez-vous, le dernier skeud de notre gourou national est enfin arrivé. "J'ai adapté le mouvement des cygnes et des corbeaux à celui du Kosmos. Tout au moins ce que j'en perçois." (C. Vander nuit du 06/03/02). Pour vous situer la dimension et l'atmosphère de cet album. Mais avant tout 2 petits conseils à nos futurs auditeurs :
1) à consommer, mais avec modération car vous risqueriez de couper les derniers liens qui vous unissent encore au monde matériel pour vous retrouver dans un univers baigné de spirituel et de poésie (qu'on nomme souvent la folie car cela arrange tout le monde).
2) pour compléter cette musicothérapie et entrer plus facilement dans cet univers, je vous recommande fortement l'utilisation de plantes médicinales et relaxantes.
Bon, vous voilà maintenant libérés de votre enveloppe corporelle, vous êtes prêts pour la plus grande aventure spirituelle et spatio-temporelle de tous les temps. Confortablement installés dans votre fauteuil, prenez une bonne bouffée de Vander frais (ou vent d'air frais, à votre convenance) et lancez la lecture.
Pas de temps mort. Chants cérémonieux qui deviennent rapidement incantatoires pour se terminer en hurlements accompagnés par la suite du piano acoustique de Vander. Mais parlons un peu de l'œuvre. Tout d'abord le packaging car il est magnifique, même si Vander, soucieux du fait que les gens sont de plus en plus attachés à l'emballage au détriment de la musique elle-même, voulait quelque chose de simple et je suis de son avis, c'est le contenu qui est primordial. Il reproduit le format vinyle avec pochette qui s'ouvre représentant un tableau peint pour la circonstance par une de ses amies.
C'est le septième album solo de Christian Vander, qui assure le chant (solo), piano acoustique et Fender et enfin la direction d'un orchestre de claviers allant du violon et violoncelle aux cloches tubulaires, en passant par la trompette ou le vibraphone (une trentaine d'instruments reproduits). Il est accompagné de sa femme au chant et aux claviers et d'autres personnes pour les chœurs. Qu'on aime ou pas, il faut reconnaître que l'œuvre est grandiose, à condition de faire l'effort de la pénétrer et de se laisser guider par elle. Quinze années pour la composition -de 1982 à 1997- et 4 années pour la réalisation -d'août 1997 à janvier 2002 (l'album est sorti le 29 août 2002)- ont été nécessaires. On peut imaginer le travail pour programmer tous ces claviers de façon qu'ils soient synchrones (comme un orchestre classique en fait), l'ensemble devant représenter tantôt la noirceur, tantôt le silence ou le cosmique, tout cela en conservant la continuité du tempo. Il a voulu créer un mouvement vibratoire formé de spires et de spirales qui se déroulent en cycles uniques et libres sensés faire ressentir à l'auditeur les frémissements d'ailes, de chants, de cris et d'émotions fortes (les oiseaux en colère). C'est une œuvre hautement symphonique tantôt classique, tantôt complètement déjantée (surtout au niveau de la superposition des chants et des chœurs). Quoiqu'on en pense c'est un œuvre très forte, unique et sans complaisance.
Maintenant parlons du concept. Enfin on va essayer ! Une sorte de prophète prononce une incantation (tout début du disque) qui est en fait un message destiné au vent, lui demandant d'annoncer à tous les oiseaux que le temps est venu d'appeler l'oiseau unique. Bientôt tous les oiseaux sont réunis et rassemblés grâce au semeur qui jette son grain. Tous les oiseaux s'égosillent pour se faire entendre à en perdre la voix, afin d'appeler l'oiseau unique. Vacarme assourdissant, scène irréelle… Et pour la suite, il faut acheter le disque qu'on trouve dans n'importe quelle FNAC, même à Toulon, c'est pour vous dire !
On pourrait en écrire des pages et des pages tellement l'œuvre est monumentale, intéressante, originale et riche, même si elle est aussi exigeante et difficile d'accès. Le mixage et le montage assurés par Christian et Stella Vander ont dû être très difficiles. Et pourtant l'ensemble est très cohérent, les enchaînements parfaits et l'orchestration est incroyable de beauté et de justesse. Chapeau bas maître Vander, "Les cygnes et les corbeaux" est sûrement votre œuvre la plus aboutie et la plus importante. Chers auditeurs, laissez-vous convaincre par l'humanité, la poésie et la grandeur de ce conte philosophique dédié à mère Nature, que les humains -et notamment ceux qui ont du pouvoir- devraient un peu plus respecter. Un disque qui tombe à point nommé, en pleine actualité de marées noires ou de clonages humains. A méditer spirituellement.
Remy Bessouat
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