Vanden Plas : The Seraphic Clockwork (2010 - cd - parue dans le Koid9 n°74)
4 ans après "ChristO", voici le retour discographique tant attendu des rois du métal prog allemands. Comme il est d?usage de comparer le nouvel album d?un groupe aussi prestigieux aux précédents déjà parus, en guise d?apéritif je vous dirais juste que Vanden Plas vient de sortir enfin son chef d??uvre absolu ! En effet, que de chemins parcourus depuis "Color temple", leur premier album paru en 1995 ! (Déjà 15 ans !). Non pas que les albums antérieurs étaient mauvais, loin de là, mais cette fois-ci, tous les petits bijoux distillés ça et là précédemment trouvent en "The seraphic clockwork" leur écrin naturel. Ce qui frappe de prime abord, c?est ce son puissant et cette production qui met en valeur tous les instruments et la voix. Tout est d?une précision d?horloger ! Vous me direz que c?est normal puisque l?histoire qu?a choisi Andy de nous narrer pour cet album est celle d?un horloger et de son horloge séraphique. D?autre part, si vous avez lu l?interview d?Andy Kuntz dans ce même numéro, vous connaissez maintenant les raisons de cette absence discographique. Ce temps et ces expériences ont permis à V.P. de mûrir musicalement. Le meilleur exemple est le morceau d'introduction ("frequency") : intro saccadée, riffs lourds, boucles de synthé, double grosse caisse pas trop rapide, tout ceci laissant présager un titre métal "classique", et puis voici que l'arrivée vocale calme les ardeurs instrumentales avant qu'un pont salvateur enchaîne piano et violoncelles, soli de synthés et de guitares précédant un final où des ch?urs enrichissent encore le refrain. L'expérience de jouer très souvent avec un orchestre symphonique et des ch?urs au cours de leurs différents spectacles de ces quatre dernières années ("Jésus Christ Superstar", "ChristO", "Ludus Danielis") a indéniablement développé le sens de la composition de Stephan Lill et Günter Werno qui signent à eux deux la totalité des musiques. Une autre des raisons (à mon avis) de cette maestria est la cohésion fantastique des cinq musiciens, car il n'y a pas eu un seul changement de personnel depuis le premier album. On pourrait dire aussi que Vanden Plas a retenu la leçon de Dream Theater dont il ne garde ici que le meilleur (le rythme de "holes in the sky" rappelle fortement celui de "pull me under") : les changements de rythme interviennent toujours à bon escient, cassant les routines du schéma de la chanson gentillette, lot commun à de trop nombreux groupes. "On my way to Jerusalem" en est la parfaite illustration : en moins de 13 minutes, on trouve une intro en forme piano boîte à musique, une voix murmurant, des arpèges de guitare, une batterie accompagnant la guitare avant qu'elle ne l'entraîne sur un rythme lourd, une bonne basse bien ronflante, un solo de guitare sur une double grosse caisse qui laisse sa place à une guitare sèche façon flamenco sur laquelle se greffent effets de voix (masculines et féminines se répondant en stéréo) en attendant le retour de tous les instruments conventionnels auxquels sont rajoutés des violoncelles et des ch?urs. Morceau épique s'il en est ! Comment passer sous silence les immenses prouesses vocales d'Andy ! La plupart des chanteurs ont la voix qui s?abîme avec le temps ? pour Andy c?est le contraire : elle se bonifie ! Qu?il susurre ou qu?il hurle, on ne peut s?empêcher de s?extasier ! Il serait évidemment injuste de mésestimer les extraordinaires qualités techniques qu'ont développé ces dernières années un Andréas Lill, proche du niveau d'un Mike Portnoy, un Günter Werno qui en fait aujourd'hui un des meilleurs claviers de notre monde musical aussi bien avec son toucher délicat au piano qu?à son inventivité au niveau des sons de claviers, un Stephan Lill capable de riffs hyper tranchants et de soli mélodiques et rapides, et un Torsten Reichert qui fait autant pulser l'ensemble mélodique de ses basses ronflantes et appropriées que sa barbichette a poussé. Il me paraît inutile de détailler les autres titres, car je ne trouve plus de qualificatifs assez forts : insister sur l?intro délicate de "scar of an angel" (et la voix de Charlotte Baumann qui nous enchante), sur les ch?urs majestueux de "sound of blood", sur la richesse des 10 minutes de "the final murder", sur la beauté mélodique du calme "quicksilver", sur l'orgue "Lordien" du final de "rush of silence" ? Non, vraiment, parmi les 9 titres proposés (sur la version digipack), j'ai beau écouter et réécouter : aucun de faible ! Même sur le morceau bonus ("eleyson", pourtant chanté en latin, puisque extrait de "Ludus Danielis" joué en live au Pfalztheater), la voix dAndy me donne la chair de poule ? signe chez moi d'une émotion intense ! Comme dans une montre, les parties rapides (métal) et plus calmes (prog) s'emboîtent parfaitement au sein des morceaux qui eux-mêmes sont idéalement agencés au sein de l'album. La perfection, vous dis-je ! Mon cher Andy, tu as atteint ton objectif ! Faire de "The seraphic clockwork" le meilleur album de Vanden Plas et au passage l?un des 2 ou 3 meilleurs albums de la décennie ! P.S. L?édition digipack propose en plus une vidéo de 6 minutes sur "Ludus Danielis" de toute splendeur et qui permet de mieux comprendre l'interview d'Andy réalisée par Benoît Herr. Gilles Van Den Masson A lire Ă©galement le compte-rendu du concert de l'opĂ©ra-rock ChristO Ă Kaiserlauten en avril 2010 paru dans le mĂȘme numĂ©ro de Koid9 |