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Cela faisait bien un an que je le cherchais cet album. Je pensais qu’il était sorti chez Seventh Records, même pas !
Ou alors sur un tout petit label, c’était le cas, mais avec une distribution par Musea ce qui fait qu’on pouvait le trouver partout.
Encore une fois, je n’ai pas regardé où il fallait… Bref, j’ai l’objet dans les mains et le moins que je puisse dire est que je ne regrette pas mon achat.
Ce live a été enregistré le 2 novembre 1976, à Paris, par l’une des formations de Magma (même si le nom du groupe n’était pas mentionné sur cette tournée) les plus performantes, c’est à dire : Vander à la batterie, Top à la basse, Federow à la guitare, Blasquiz au chant, Grailler aux claviers et Lockwood au violon.
Le son de ce concert est assez fruste mais pas désagréable, meilleur en tous cas que celui de l’album "Soleil d’Ork" de Top dans la même série.
4 titres au programme : l’hyper connu "hhaï", "la musique des sphères" de Jannick Top, l’habituel "de futura" et "troller tanz" de l’album "Üdü wüdü", que je n’avais jamais vu sur un live de Magma.
"Hhaï" est amputé de toute la partie incantatoire ce qui en fait un morceau plus énergique, plus concis, dépouillé aussi car l’absence des chœurs en fin de morceau est assez déroutante. En contrepartie, l’aspect instrumental est renforcé, on perçoit beaucoup mieux le travail de Gabriel Federow aux dépends du violon de Didier Lockwood qui me paraît étouffé, lointain.
"De futura" est un long morceau présent à l’origine sur toute la deuxième face d’ "Üdü wüdü". Il a été fréquemment joué sur scène à toutes les époques de Magma (je l’ai déjà vu et entendu une bonne dizaine de fois), et la version proposée ici ne me semble guère différente des autres interprétations déjà enregistrées.
Très basiquement, on peut dire que "de futura" est la succession alternée d’un leitmotiv chanté (scandé, plutôt) et d’une progression instrumentale. Ces 2 parties s’accélèrent tour à tour jusqu’à ce que le passage instrumental (totalement rythmique) devienne prépondérant. L’intérêt du morceau est dans l’augmentation hallucinante de la vitesse qui atteint au paroxysme du titre une dimension répétitive d’une incroyable puissance. Dommage que le son soit un peu limite, surtout en dynamique, ce qui oblige l’auditeur à booster le volume et le message paraît alors assez agressif.
J’ai adoré la version live de la "musique des sphères". On peut parler de groove sur ce titre nettement plus rock que les pièces jouées habituellement par Magma. Après une longue introduction des plus angoissantes, la paire rythmique se déchaîne et Jannick Top nous fait la démonstration de tout son immense talent de bassiste en croisant les lignes mélodiques puis en les torturant, les modifiant constamment, explosant le tempo par un jeu non conventionnel sans jamais dévier d’un iota de la trame rythmique. Et puis, Ô joie ultime, Jannick nous gratifie d’un solo d’anthologie, à fond la caisse, tour à tour technique et mélodique, avec un son (enfin) terrible et une énergie grandiose. Un déferlement ahurissant et jouissif qui surpasse les pièces du même genre (style "school days" de Stanley Clarke pour ceux qui connaissent ou "the fish" de Chris Squire pour les autres) et qui expose ce que beaucoup savaient déjà : en 1976, ce musicien était sans aucun doute un des 3 plus grands bassistes au monde (vous chercherez les deux autres prétendants !). Pour paraphraser un auteur, je dirais que Top est à la basse ce qu’Hendrix est à la guitare, j’suis clair là, hein ?
Le CD s’achève sur "troller tanz" qui me paraît un peu faible avec son rythme sautillant et sa mélodie facile. Tiens, je préfère nettement la version studio où les instruments sont bien mieux mis en évidence.
Au final, je suis bien obligé d’affirmer que "la musique des sphères" impose l’achat de ce disque, j’vois pas comment conclure autrement.
Dominique Reviron
PS : A écouter FORT !
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