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Des oreilles attentives nippones m’avaient alerté sur l’existence de ce groupe originaire de Tokyo qui, dès sa formation en 2004 s’efforçait de défendre son propos en concert tant au Japon qu’aux USA où d’ailleurs en 2007 ils montèrent une tournée de 14 dates.
Ce fut donc une bonne surprise quand je découvris dans ma boite aux lettres ce "vrai" premier disque que Akihiko Hayakawa son leader, chanteur, guitariste et compositeur nous adressa sollicitant une chronique.
Le nom rappelant les projets satellites de Gong m’avait émoustillé et quand je lus dans son "dossier de presse" qu’Akihiko présentait son disque comme un album d’excentrique-rock, d’avant-rock, d’avant-progressive et de rock expérimental, le tout mêlant le classique, le jazz, l’avant-garde, le classic-rock, le country, le métal moderne et la musique de pub, le tout concocté dans une voie que Frank Zappa aurait aimé faire, prétend-il…, j’avais hâte d’entendre ça !!!
De fait ce cd n’est pas aussi ardu ou austère que cette longue description laisserait entendre, il est même un jouissif moment que je vais vous détailler après vous avoir donné le line-up.
Outre notre ami Aki, Voluntary Mother Earth est constitué de Chunko à la basse, de Shon Mage à la batterie et de Yuko Iwasawa aux claviers qui a déjà quitté le potager au moment d’écrire ces lignes.
"Give us a tomato" est le premier des 9 morceaux pour un peu plus de 51 minutes et ça démarre par un truc hard atmo façon Threshold où premier constat, le chanteur assure bien et ce sans accent, puis ça délire genre la BO d'Amélie Poulain pour rebasculer vers du Pain of Salvation musclé où on nous sonne même le glas sur le final.
"Free head for a free ride" a une bonne intro jazz-rock à la basse, le reste suit et on se retrouve d’un coup chez les Deep Purple, puis chez Gong par les vocaux plus parlés que chantés et je commence à comprendre ce à quoi ils pensent quand ils citent Zappa. Bien qu’il ne suffise pas de mélanger les genres même avec talent pour s’en revendiquer , il faut reconnaître que c’est très bien fait et je n’ai encore rien vu (!). Ils vont même jusqu’à copier des phrases de Rick Wakeman de "Yours is no disgrace" sur un mode déjanté ! C’est électrique et drôlement bien foutu leur mix ! Ca vire même en blues à la fin...!
De l’humour sur bien des titres, la preuve avec "I said "Just water, please" and she gave me Sprite" où l’intro est terrible à la Molly Hatchett, du bon rock sudiste bien gras à souhait avec toutefois une ligne de clavier en fond bien rentre-dedans, des vocaux en choeur à la Quiet Riot (!) pour partir sur du barré façon King Crimson, quand ce n’est pas du chant style indiens d’Amérique ou effectivement des développements à la Frank Zappa assez symphoniques !
"Valley girl meets Angela and a long thin person somewhere in the orient". Ca c’est du titre ! Du Clapton en intro puis un univers plus Giant ou Mr Big avec une belle guitare acoustique pour une ballade hard mais en partie seulement car ils y ajoutent une pincée de jazz et de goth (!) ; ce sont des fous, tout le temps, cette propension à se servir du shaker est remarquable !!!
"Jeremy Thorn 2007" écrite en 2004 évoque un personnage réel, il fut le voisin de palier puis l’ami de Akihiko lorsque celui-çi habitait au USA (ce qui explique le très bon anglais pratiqué). Ce type était obsédé par les nanas japonaises bien qu’il ne s’en soit jamais tapé aucune ; aujourd’hui en 2008 il en a trouvé une à marier et il vit à Osaka !
Le côté métal en intro est juste un alibi pour balancer de l’énergie, s’en suit en aparté des percussions traditionnelles japonaises et des ingrédients à la King Diamond pour faire peur, une passe jazz au piano et même quelques mesures de "Sweet home Alabama" de Lynyrd Skynyrd (!) et la cohésion prodiguée inspire le respect.
"A story of the tipical week of a starving musician" y voit du Blondie (!) sous amphétamines rencontrant Judas Priest, Willie Nelson (!) (oui le country man), leurs allumés compatriotes de Ruins et une bande de hooligans anglais saouls, et comme à chaque fois il y a une continuité, une cohérence incroyable !
Le morceau le plus sage est "Makes me wonder" quoiqu’un mix de Billy Idol, de Dave Edmunds et de Rammstein se révèle forcément bizarre. Un prétexte pour le guitariste et le clavier pour nous sortir de vieilles sonorités psychés et souffler sur les braises du feu évidemment pas éteint du tout depuis le début.
Avec " Forgive my pénis" nous est servi un truc Beatles ou Oasis (ce sont les mêmes, il n’y a que Oasis qui ne le sait pas !), assez humoristique, bien british, ritournelle imparable jusqu’à ce que Larry Carlton s’en mêle et qu’ils reprennent "Beat it" de Michael Jackson (!!!) ; sont fadas vous dis-je !
"...and you got my pénis hurt" pour finir, plutôt mid-tempo, façon Versus X des débuts, puis un passage mi jazzy mi reggae en un mélange à la Act en plus punchy ensuite une partie davantage Led Zeppelin, Plant et soulignons le encore, une voix qui certes ne sort pas de l’ordinaire mais qui peut absolument tout chanter, vrai atout, la preuve, un final pas si éloigné de Gentle Giant qui aurait Kurt Cobain en invité !
Leur musique n’est pas qu’une brochette de passages identifiables ou "à la manière de" qu’on accolle pour plaire au plus grand nombre, non, comme vous vous en êtes aperçus, j’ai cité énormément de références mais comment faire autrement lorsque c’est la volonté délibérée du groupe de faire cohabiter des genres différents tout en ne les effaçant pas, bien au contraire, le pari de VME étant justement tel un DJ des temps modernes de créer ou de recréer un propos original sur des bases connues ; et quoi qu’on en dise c’est incontestablement réussi car on est surpris plusieurs fois par morceau par l’adresse à inventer des cocktails aux multiples couleurs, le tout non seulement sans être imbuvable mais au contraire, on a qu’une envie c’est de s’en resservir un autre !!!
Pas outrageusement original, ça peut être pris parfois pour de la parodie, c’est aussi souvent du quinzième degré mais le résultat plus que la démarche en fait sans problème mon gros coup de coeur du trimestre !
Bruno Cassan
PS: la batterie vient de changer de mains en la personne de Fujita Fajita...
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