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Votum est un jeune groupe de metal progressif polonais, dont l'existence remonte à 2003, même si "Time must have a stop" est leur premier album. En fait, le groupe a été signé pour l'international par ProgRock Records il y a seulement quelques mois. Peut-être est-ce leur expérience de la scène qui leur a été bénéfique mais ce premier opus sonne de manière assez mature même si les inévitables références musicales ne manquent pas.
Le groupe est un sextuor, avec deux guitaristes, Aleksander Salamonik et Adam Kaczmarek et un claviériste, Zbigniew Szatkowski. L'emploi de deux guitaristes n'est pas motivé spécialement par l'obtention d'un son plus lourd mais plutôt pour enrichir les arrangements, même si on verrait plutôt l'utilité de deux claviéristes pour étoffer leurs arrangements assez riches de ce côté-là.
Composé de 8 morceaux, allant de 4:28 à 10:50, avec une majorité de titres tournant autour des 6 minutes et un dernier nettement plus long, "Time must have a stop" rappelle légèrement Dream Theater (riffs plombés, parfois saccadés, syncopés, la voix pas si éloignée de celle de James LaBrie, en plus expressive), Porcupine Tree (mélange d'ambiances sombres et planantes), Opeth (moins les vocaux extrêmes encore qu'il y en ait un peur sur un morceau) et Riverside. Mais ce serait réducteur de ne juger Votum que par ces références. Les Polonais ont développé une certaine personnalité.
Pour ces musiciens, il est clair que ce ne sont pas la virtuosité et les démonstrations techniques qui comptent mais la mélodie, les ambiances. Les passages instrumentaux sont d'ailleurs souvent calmes et mystérieux. Le groupe cultive un certain mélange des genres, ne dédaignant pas la lourdeur metal, bien présente, mais affectionnant aussi des ambiances planantes, certains diraient aussi "psychédéliques", très mélancoliques, sur fonds de synthés froids et aériens, couplé à un piano électrique réverbéré ou le simple piano acoustique. La recherche sonore au niveau des claviers, l'emploi de textures réellement originales mérite bien une accolade, tellement ce fait est rare dans le genre, où la plupart des claviéristes se contentent d'utiliser à peu près les mêmes timbres… ce qui semble à l'opposé total du concept du rock progressif.
C'est probablement sur la ballade "train back home" (6:02) que Votum se trouve à son sommet… et la guitare acoustique et le piano sont de nouveau présents au début du morceau suivant, "the hunt is on" (6:52), même si le titre est globalement plus puissant. "Away" (5:55) qui suit est un nouveau mélange contrasté, bâti en crescendo / décrescendo, calme au début et la fin, mais plus rock et tragique au milieu. L'accent anglais de Maciek Kosinski n'est pas impeccable mais la voix claire et puissante du chanteur, très expressive sur les passages calmes, est l'un des atouts du groupe. Le chanteur possède une bonne technique mais aussi une faculté à faire passer l'émotion. Ses lignes mélodiques sont souvent fortes, prenantes, malgré une ou deux faiblesses ici et là. Et puis nous avons droit aux vocaux un rien extrêmes (de plus en plus à la mode !) sur " le titre plus agressif "look at me now" (5:49). Mais mis à part ces détails, le bilan est très positif. Par contre, l'ambiance générale est réellement sombre et envoûtante, n'est guère réjouissante, soyez-en en avertis.
La production est vraiment très réussie, le mixage très clair laisse une bonne place à chacun des musiciens, et l'ensemble est agréablement contrasté, avec un sens des nuances que de nombreux groupes de metal progressif feraient pas mal d'apprendre. On ne peut qu'espérer une évolution future de Votum vers le côté le plus planant, d'ailleurs.
"Time must have a stop" mérite toute l'attention des amateurs de metal progressif mais aussi des autres, non allergiques au genre mais peu enclins à collectionner les albums ou blasés des trop nombreuses sorties dans le style. Car Votum possède vraiment une qualité qui le place à part de ses concurrents. Et comme il s'agit d'un premier album, on espère encore plus du suivant, qui pourrait bien confirmer le talent de ces musiciens et leur permettre de se distinguer encore davantage.
Marc Moingeon
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