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The Vow évoquera quelques souvenirs aux lecteurs les plus assidus de notre cher magazine, puisque j’avais eu l’occasion de vous entretenir en octobre 2001 de ce groupe allemand qui intégrait la communauté (néo)progressive avec son premier album "Another world".J’avais à l’époque reproché à cette première œuvre son côté par trop scolaire et la prédominance d’instruments électroniques, en dépit du professionnalisme certain de la production.
Pas de changement de personnel à bord en cette fin d’année 2002, puisque nous retrouvons aux commandes Holger Götz (chant et claviers) et Ralf Link (guitare, basse et synthés), à nouveau associés pour nous livrer cette fois ci un concept album intitulé "Trojan" (Troyen), et qui narre les aventures d’un héros de jeu vidéo.
Les textes, ainsi que la pochette du CD (très réussie au contraire de celle d’ "Another World) évoluent donc autour du monde de l’heroïc fantasy.
Attention toutefois, le héros de la pochette tient plus de Tom Cruise dans "Willow" que des "Conan" gonflés aux anabolisants qui ornent les livrets de l’univers du metal/death/trash/doom et autres productions hardesques ! La musique est à l’avenant, c’est à dire très (trop) sage, dans la droite ligne du précédent opus dont "Trojan" diffère globalement assez peu.
Côté inspiration on retrouve donc les nappes de claviers Floydiennes, comme sur le démarrage de "introduction", le premier morceau comme vous l’aurez deviné. On reconnaîtra également sur l’intro de "castle of the thousand doors" les claviers de Martin Orford ou les riffs de guitare de Michael Holmes pour clore l’héritage IQ.
Nombreux sont en effet aujourd’hui les groupes estampillés progressifs à sacrifier à de tels "hommages", tant il est difficile de faire du 100% neuf avec un genre musical qui va souffler ses 35 bougies. Le débat à ce propos est intéressant me semble-t-il.
En effet, les colonnes du Koid’9 s’ouvrent chaque trimestre (et c’est heureux) à des groupes qui justement nous semblent faire "progresser" notre quête commune sans pour autant se réclamer du genre progressif (c’est le cas par exemple me semble-t-il de Porcupine Tree, mais je laisse à chacun le soin de choisir son poulain !).
Bref, et je posais déjà la question à l’occasion de la chronique du premier album de The Vow, l’utilisation de "recettes", fussent-elles progressives, suffit-elle encore à combler nos légitimes attentes musicales ?
Pour en revenir à The Vow, le chant d’Holger est tout ce qu'il y a de plus agréable, et les deux instrumentistes s’en sortent très honorablement, mais les compositions ne parviennent jamais à vraiment décoller. Les morceaux sont en effet assez linéaires, et le fait que personne ne soit une fois encore sur ce nouvel album crédité de la section rythmique laisse à penser qu’elle a été réalisée via une boîte à rythmes. La programmation n’est pas pour autant basiquement binaire, mais l’absence d’un vrai batteur reste perceptible. Un multi-instrumentiste de génie tel Arjen Anthony Lucassen a, il est vrai, démontré qu’une composition imaginative permet d’outrepasser de tels handicaps, mais n’est pas Lucassen qui veut … Bref, les 8 compositions de "Trojan", d’une durée comprise entre 8 et 11’ (à une exception près) sont sympathiques, mais ne marquent pas un tournant majeur par rapport au premier CD produit par nos deux sympathiques musiciens allemands. Elles manquent globalement d’envolées lyriques ou de trouvailles mélodiques marquantes qui me permettraient d’user du terme "génial" plutôt que "sympathique" pour qualifier cet album.
Autrement dit, et pour aller à l’essentiel, si vous avez été séduit par "Another world" vous ne serez pas déçu par "Trojan". Sinon, c’est peut être que vous êtes à la recherche d’émotions nouvelles : pourquoi alors ne pas jeter une oreille aux frontières du prog que j’évoquais tout à l’heure ?
Serge Llorente
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