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Bollenberg Experience (The) : If Only Stones Could Speak (2003 - cd - parue dans le Koid9 n°45)

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Ce n’est pas pour me faire plaindre, quoiqu’un peu de compassion dans ce monde de brutes ne peut pas faire de mal, mais ce n’est pas toujours facile de faire une critique de disque qui reflète précisément ce que l’on a ressenti à son écoute, et l’exemplaire que je tiens entre mes mains en est un bon exemple. Pour tout vous dire, je n’ai pas vraiment apprécié la première écoute et il est bien possible que cela fasse le même effet à d’autres. Il faut dire qu’il a vu grand le petit père John Bollenberg. Quand il a décidé de faire une "expérience", il ne fait pas dans le chichiteux : imaginez donc, dans son éprouvette il a mis pêle-mêle Rick Wakeman (révélé par Star Academy, aux claviers), Pär Lindh (le roi du chocolat suédois, aux claviers et à la batterie) et son acolyte Björn Johansson (qui fait des disques soit avec des ours, soit avec des Hobbits, à la guitare et aux instruments anciens), Roine Stolt (surnommé Joli-sourire lors des concerts, à la guitare électrique et acoustique), Jordan Rudess (ex-démonstrateur chez Bontempi, aux claviers), Heather Findlay et Bryan Josh (que l’on rencontre principalement en automne, au chant et aux instruments celtiques) et William Kopecky (du trio comique américain Kopecky, à la basse), pour ne citer que les moins connus.Vous vous demandez peut-être par quelle magie vaudoue cet inconnu a pu réunir autour de lui la crème du progressif actuel. Vous n’avez qu’à essayer vous-même, vous verrez si c’est facile ! Eh bien tout simplement parce que celui qui veut qu’on l’appelle Bo-Bo (à quoi bon le contrarier) est depuis longtemps un journaliste indépendant écrivant pour la presse rock et qu'il a lui-même été le chanteur d’un groupe belge de rock progressif nommé Quies (quand ce groupe s’est arrêté, il a dû avoir les boules !). Ca fait tout de même 25 ans qu’il est ami avec Rick Wakeman, alors RESPECT ! Tout a commencé réellement par sa rencontre avec Björn Johansson qui a composé avec lui la quasi-totalité du matériel. Les autres participants ne sont intervenus que par la suite pour interpréter leurs parties individuelles. Ils ont aimablement accepté de coopérer à ce projet ambitieux dont le concept est d’illustrer des légendes anciennes ayant trait à différents endroits de la très belle ville de Bruges où réside le dénommé Bo-Bo.

Reconnaissez qu’il s’avère difficile de ne pas être attiré par une curiosité malsaine au simple énoncé de ces pseudonymes prestigieux, ainsi que par le sujet proposé. Et c’est là que réside justement l’erreur, car là où on s’attendait à un déferlement de virtuosité et de puissance, on ne trouve au final qu’une musique assez posée et qui finalement révèle davantage la personnalité des compositeurs que celle nettement en retrait des intervenants. Un autre point important à signaler est la forte présence du chant, ce qui m’a de prime abord un peu rebuté, d’autant que je trouve la voix de Bo-Bo un peu trop veloutée, façon chanteur de charme si je voulais être méchant. Elle m’a d’abord fait le même effet que certains chanteurs des premiers albums de Pär Lindh, ou de Hasse Fröberg des Flower Kings, ou encore de l’actuel chanteur d’After Crying, vous voyez ce que je veux dire ? J’espère, parce que je commence à manquer de noms. Mais comme je vous le disais en introduction tout n’est pas si simple, la preuve en est qu’au fil des écoutes on s’aperçoit que les intonations de cette voix, s’exprimant dans un véritable anglais de chez anglais, sont très travaillées et réservent même des surprises, alors je vous conseille de ne pas trop vous fier à la première impression. Quoi qu’il en soit j’estime que le chant est mixé trop en avant à mon goût, étouffant trop la musique. C’est beaucoup moins évident lorsqu’ Heather Findlay prend le micro (sur 3 morceaux, parmi les meilleurs) tant sa voix est mise en valeur par les mélodies aux accents médiévaux (ce qui n’est pas idiot pour illustrer une ville médiévale). Un pur régal. En ce qui concerne Bryan Josh, qui quant à lui intervient un court instant, je dis bof, mais je ne suis pas très amateur de sa voix éraillée.

Deux autres points minimisent selon moi l’impact de la musique. La production manque de punch et de relief ce qui génère une frustration, car de telles compositions auraient mérité un meilleur traitement. Reconnaissons tout de même que le facteur économique n’a pas permis au projet de se donner les moyens techniques de son ambition. L’autre point est que la batterie est tenue par Pär Lindh. Je vois à votre réaction que vous connaissez "Discus ursi", l’album de Björn Johansson auquel il a fortement contribué, notamment sur cet instrument, et en définitive il y a pas mal de points communs (défauts comme qualité) entre ces 2 albums. Mettons les choses au point tout de suite le sieur Lindh est un claviériste exceptionnel que j’adore dans ce rôle, mais pour ce qui est de taper sur des fûts, on sent qu’il est nettement moins à l’aise, pour employer un euphémisme. Je ne veux pas dire qu’il pratique un jeu simpliste, mais il ne parvient pas à faire mieux qu’une rythmique gentillette, alors qu’on sent que la musique pourrait parfois décoller très haut. En tous cas je donne un coup de chapeau pour le morceau "story of three" avec ses délicieux relents hispanisants et même le morceau bonus (10 ') est d'aussi bonne qualité que le reste.

En conclusion, on trouvera ce disque très bon si on oublie qui joue dessus (je sais que ce n’est pas facile) et qu’on découvre en fait un nouveau talent à la valeur bien réelle. Il faut également pardonner quelques maladresses formelles. Mais nul doute que si vous achetez nombreux cet album (je sais que ça coûte cher), l’ami Bo-Bo aura suffisamment de pépettes pour nous concocter un vrai bijou. C'est vous qui voyez ...

Michael Fligny




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