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Je ne prends pas grand risque, me semble-t-il, à affirmer que les formations françaises contribuent de façon homéopathique à l?évolution artistique du monde du rock ou de la pop, de même que pour le prog. Non pas que les adeptes de Pro Tool et autres studios virtuels n?aient moins qu?ailleurs investi les garages et sous-sols des demeures familiales, mais force est de constater que l?originalité de ce qui en sort ne casse en général pas trois pattes à un canard. Naturellement c?est un point de vue personnel, mais il se trouve que je le partage ?
Tout ceci Fabrice Jacquet (le guitariste de ce quintet Clermontois) ne le savait bien évidemment pas lorsqu?il m?a gentiment adressé leur première galette, "Innocence", pour avis et plus si affinités. Et c?est tant mieux, car in fine cet album mérite sincèrement le détour.
Globalement assez pêchu, le propos est soutenu par une section vocale en anglais (sans accent notable, soit dit en passant) assurée de façon très convaincante par Cédric Oléon.
Excédant rarement les 4?30, les titres privilégient l?efficacité sans chercher à exploiter au-delà du raisonnable chaque trame mélodique. L?absence de claviers n?est probablement pas étrangère à cet état de fait, la formation s?inscrivant en conséquence dans la tradition des "power"- quelque chose (- quintet en l?occurrence).
Les soli de guitare se font tantôt Floydiens comme sur (l?assez conventionnel par ailleurs) "beside", ou font penser au jeu de Matthew Bellamy de Muse sur la partie incisive succédant à la douce et fort élégante intro xylophone/arpèges de "bunkers and cathedrals". Cette recherche de l?équilibre entre les parties intimistes et plus enlevées se retrouve aussi sur "recall" ou "avalon" par exemple. Ce dernier titre, l?un des plus accrocheurs de l?album, mériterait d?ailleurs des passages radio si ce formidable media n?avait largement été dévoyé pour servir une soupe fade au service d?intérêts les plus vils, mais je m?égare ...
Même les titres les plus "hard" comme "dark flag", "a thousand knives" ou "khaos" ne sacrifient en rien leur intelligibilité, tous les registres instrumentaux ayant voix au chapitre. On remarquera à ce propos une prise de son ainsi qu?un mixage des plus enthousiasmants, et en tout cas bien au-delà de ce que l?on pouvait attendre d?un "debut-album"
Mais au final c?est avec les titres les plus contrastés et affichant donc les plus larges palettes d?émotions, comme "avalon" ou "bunkers" cités plus haut, ou encore le morceau de clôture "town" que le groupe me semble le mieux mettre en valeur ses compétences instrumentales et son inspiration mélodique. En effet, même si les joutes voix-guitare constituent le trait marquant de ce premier album, les trois musiciens que je n?ai pas cités jusqu?alors (Yannick Saunier à la batterie, Stéphane Barrier à la basse et Pierre Librini à la seconde guitare) ne déméritent pas pour autant, et contribuent pleinement à faire de chaque titre autre chose qu?une simple juxtaposition d?individualités, comme c?est trop souvent le cas chez de nombreuses formations.
C?est un écueil parmi tant d?autres que Cloverseeds a su éviter, prouvant que l?innocence est parfois mère de toutes les vertus ?
Serge Llorente
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