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La dernière fois qu'on avait eu des nouvelles de ce groupe italien, c'était il y a dix ans déjà et ils sortaient leur deuxième disque "Distances" et proposait un progressif à dominante acoustique mais parfois, il faut le dire, un peu mou du genou ! Toujours articulé autour de la même équipe, Paolo Lucchina (chant), Mose Nodari (guitares et hautbois), Luigi Bonacina (basse), Fransceco Vedani (batterie et flûte), et de Marco Strobel (guitares et mandoline). S'ils évoluent aujourd'hui sur plus ou moins le même terrain, ils ont monté d'un cran tant au niveau des compositions plus élaborées qu'à la qualité de la production.
D'entrée, une atmosphère prog british 70's avec "limbo" (4:52) et de superbes guitares acoustiques et un chant en anglais ; à 1:30, des guitares agressives se mélangent aux premières et la batterie me rappelle celle d'Andy Ward (Camel) renforcée par une flûte au son de Mel Collins. Pourtant, le propos n'est pas vraiment camélien, pas encore…
Si "men I met" (2:19) est proche d'un Citizen Cain, "walking & talking" (5:18) est plus dans le IQ des débuts (chant et batterie).
Le chanteur a la faculté de passer d'une référence à une autre sans vraiment modifier sa voix, là est sa force je crois, en plus d'être juste heureusement. Depuis le début, on nous ballotte entre arpèges acoustiques forcément attractifs et une violence électrique des guitares donnant parfois l'impression de ballades telles que savent les pratiquer les groupes de hard. Pour moi, ce morceau atmosphérique est très réussi, la guitare est à son avantage comme tout le long du disque d'ailleurs.
"When I lose" (4:55) et encore et toujours de superbes guitares cristallines mid tempo, la flûte fait irrémédiablement penser ici à Camel, on sent que le guitariste voudrait bien nous la faire à la Latimer mais s'en interdit pour conserver sa propre identité.
Jusqu'à présent, je trouve le propos champêtre, bucolique mais parfois piquant comme la guêpe s'intéressant à notre pique-nique sur l'herbe. Surtout, ça change de toute la production actuelle qui se ressemble avec ses figures imposées, breaks, démonstrations de virtuosité etc. Superbe ! On reste dans la même atmosphère avec l'encore camélien "wet of sky" (2:40) et même si "my world" (5:05) a une sonorité "texas blues" en entrée, la voix est extraordinaire de mimétisme latimerien ! Beau travail des chœurs, le tout est encore superbe. Les oies des neiges (snowgoose) mangent-elles du melon ?
"Bridge to maya" (6:05) voit la présence d'un harmonica, et il est vrai que depuis le début et malgré la flûte, ce disque ne sonne absolument pas italien ! Ici, ça sonne presque espagnol, sud américain en l'occurrence (maya). Joie, gaîté, fête sont véhiculés par les instruments, le prog que j'aime quoi !! Le final est plus proche d'un Pink Floyd pour un encore excellent morceau.
Très différent du reste, "synoptic ghost" (4:06) sonne presque comme un Alice Cooper des débuts (ça tombe bien, j'adore Vincent Fournier) agrémenté de sonorités psychées et un chant plus haut et vindicatif. Plutôt métal dans les attaques des guitares, surprenant par rapport au reste mais pas dérangeant.
On revient bien vite à nos guitares acoustiques sur "sun beyond time" (7:33) mais un poil plus sombres, typées US, proches d'Echolyn. Encore une bonne surprise quand Court sort de son univers. Mais ces facettes transparaissent dans beaucoup des morceaux précédents même si c'est parfois de façon homéopathique.
Une impression de redite pourrait se faire ressentir au fil de l'album à cause de l'omniprésence de guitares acoustiques mais la richesse est suffisamment importante pour combler des écoutes répétées. "Fet stone" (4:05), ballade acoustique british typée Pink Floyd par le chant termine cette première partie du disque et introduit également le pavé qu'est "mad and child" (24:02) divisé en 4 plages.
a) "you" qui est un mélange de Genesis et du Cat Stevens des débuts en intro qui vire vite en un truc plus convenu et plus rock.
b) "mother nature" doit son filigrane à une belle mandoline agrémentée de sonorités asiatiques ensuite (guitares et claviers).
Manifestement, Court semble plus à son aise en acoustique qu'en électrique où dans ce cas, il ne sait pas trop quels chemins emprunter.
Avec c) "father", retour à l'esprit camélien période "stationnary traveller" très touchant, émouvant mais point sombre.
d) "my self" tient davantage du Genesis des débuts puis plus enlevé, presque The Who parfois (guitares).
C'est vrai qu'on pourrait considérer un manque de cohésion dans les différentes parties qui sont censées constituer ce morceau mais rien de déroutant cependant.
Même si, selon mes goûts, le CD manque de claviers et aurait peut-être gagné à être moins long et plus énergique parfois, c'est un beau et grand travail de composition et de production et fait de ce "Frost of watermelon" le meilleur de Court à ce jour.
Je ne comprends pas l'animosité des autres chroniques que j'ai pu lire par ailleurs. En effet, ce disque ne fait pas l'unanimité pourtant l'envoi de CD promos envoyés il y a quelques mois déjà aux Etats-Unis a permis de monter une tournée d'une vingtaine de dates aux USA !!!
De plus, les USA semblent bien aimer Court puisque le groupe se présentera le 29 novembre à Hollywood pour les Los Angeles Grammy Awards dans la catégorie "meilleure chanson alternative" pour "synaptic ghost", la moins progressive de toute.
Bruno Cassan
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