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Cross : The Thrill Of Nothingness (2009 - cd - parue dans le Koid9 n°72)

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Cross n?est pas né de la dernière pluie, puisque cette formation suédoise a aligné pas moins de 7 LPs depuis 1988. Plus de vingt ans au compteur donc, mais toujours ces "affres de la page blanche" ou cette "angoisse du vide" chevillés au corps si l?on s?en réfère au leitmotiv de leur dernier opus? Sans doute cette anxiété assumée tient-elle également aux graves soucis de santé auxquels a été confronté Hansi Cross, le leader et chanteur de la formation. Affecté d?une sévère perte auditive, il a fini par guérir en 2009 après un long traitement de deux ans.

Hansi est de retour donc, au chant mais aussi et surtout à la guitare. Car même s?il est accompagné de trois autres musiciens (Göran Johnsson/Lollo Andersson/Thomas Hjort aux claviers/basse/batterie), et a recours à quelques contributions supplémentaires au rang desquelles Thomas Bodin himself au mini-moog, c?est du côté des micros de la six cordes d?Ansi qu?il faut chercher le centre de gravité de l?album. Or il se trouve qu?Ansi aime beaucoup Steve Hackett et Genesis, et lorsque l?on a dit ça, on a presque tout dit.

C?est ainsi par exemple que "universe inside", le premier titre de près de 8?, s?étire au gré de longs soli de guitare électrique et de c?urs assurés de ci de là par Hansi Cross et Göran Johnsson, avec pour toile de fond une rythmique qui rappelle en diable "watcher of the skies".

Les compositions sont souvent très alanguies. "Animation" par exemple, est ponctuée de nombreux passages limite "ambient". Même si "innocence" enchaîne sur une intro un peu plus relevée (dont cette fois les claviers fleurent bon le Genesis période Collins), le soufflé retombe au bout d?une minute trente pour reprendre la même architecture que celle des titres précédents  : soli de guitare électrique très discrètement accompagnés par une rythmique binaire ou quelques passages de synthé, et re-soli de guitare à nouveau. Hansi glisse des passages vocaux de temps à autre, mais il est loin d?avoir la présence d?un Gabriel ou d?un Collins, alors que le titre lui s?inscrit franchement dans la veine de l?album "And then there were three" de Genesis, du fait notamment de la signature reconnaissable entre mille des claviers de Tony Banks.

Le quatrième titre "hope" est très très calme, et avant même d?avoir l?occasion de sortir de sa torpeur il bascule sur "gigantus magnificus", un instrumental (comme la majeure partie de l?album) où la guitare se taille une fois encore la part belle, pour s?achever sur un "eternity" (le bien nommé?) de plus de 12? qui ne décollera pas plus que ses prédécesseurs.

À l?heure de conclure je reste un peu interdit quant à la démarche, Cross se bornant avec "The thrill of nothingness" à s?aventurer sur des sentiers plus que rebattus, qui suscitent l?intérêt d?un nombre de plus en plus réduit d?auditeurs parmi un public déjà passablement compté  !

Serge Llorente




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