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L?amateur de Shawn Colvin se doit d?être patient. Tel pourrait être le leitmotiv concernant la chanteuse et ce, depuis plus d?une décennie où deux albums seulement sont venus renforcer une discographie trustant le haut des charts américains depuis un quart de siècle. Le dernier né, intitulé "These four walls", ne se contente pas d?afficher une sublime illustration et devrait logiquement rejoindre ses petits camarades multi-grammisée ("Sunny came home" étant devenu en son temps l?exemple parfait du mélange folk-pop réussi). Une bonne affaire pour le nouveau label de la miss, Nonesuch, qui fait la pige à Columbia... sans prise de risque. Toujours encadré par John Leventhal, ces onze nouveaux titres ne révolutionnent ni le genre, ni la carrière du duo mais dénotent ce même goût immodéré pour une musicalité toujours colorée, subtile et sophistiquée. Appuyé sur une voix magnifiquement posée ("let it slide"), chaque mélodie déploie une dynamique où se rencontrent orgue, guitares acoustiques ou électriques sans jamais dépareiller. Ceux qui s?ennuient hors des sentiers granuleux d?un folk craspouille devront passer leurs chemins. Ici affleure les nuances. Textes compris. Trop sans doute pour ne pas flirter avec cet aspect trop poli, trop lisse qui pourrait ressembler à de la transparence. En visitant des univers doux-amers ("the bird" dans la veine de Elvis Costello, "tuff kid") ou plus obscures (la reprise de "even here we are" de Paul Westerberg), Shawn Colvin n?oublie pas quelques hits en puissance : le classique "fill me up" ou le formidable "cinnamon road" avec Patty Griffin et Marc Cohn. Surtout, elle démontre que la sincérité reste la clé de voûte de sa réussite. En témoigne le minimalisme de la très belle version de "words" des Bee Gees, esquissée ici avec grâce par un trio guitare-basse-piano des plus inspirés. A l?image de ce très bel album.
Cyrille Delanlssays
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