Christian Décamps & Fils : Murmures (2004 - cd - parue dans le Koid9 n°49)
10 ans qu’on attendait ça ! La rumeur allait bon train entraînant avec elle son lot habituel de murmures. Et justement "Murmures" c’est le titre du nouvel opus solo de Christian Décamps, produit, arrangé, mixé de main de maître par Tristan et distribué par Un Pied Dans La Marge. Le Père, comme toujours en solo, a su se sortir des tentacules angéliques pour nous servir en dessert une galette au parfum magique de l’Amitié. Sont venus l’assister au gré de l’enregistrement en plus du fils omniprésent : Jean Tugler (Maï Ak Affair) Alain Blanc (ex Dream Child) Daniel Haas, Hassan Hajdi, Thierry Sidhoum, Benoît Cazzulini, Guénolé Biger, Claude Demet et Matthieu Chaussalet (prof à l’Atrium de Vesoul) et son accordéon numérique diabolique ! L’âge n’a pas de prise sur l’Ancien même si "le temps traîne des pieds" "dans mon automne mobile" (2 titres, dont le premier est récité, sur le temps qui passe). Ses coups de gueule restent puissants "les choucroutiers du pouvoir" ou satyriques "tout augmente". Son amour pour sa ligne bleue ne se démentira jamais surtout quand il la déclame seul au piano "des nuages sur les vosges". Le poète qu’il est jongle toujours autant avec les mots "l’avaleur de sabre" et le revendique haut et fort dans "canabis bleu pâle". Et puis il y a l’Amour sans lequel Christian ne saurait vivre : l’anecdotique "le grincement de la chaussure gauche du contrôleur du Paris Bâle", l’internautique "Antoinette@.cul", les tendres et bucoliques "peau de lune", "baisers volés", "câline, divine et sensuelle", la polyglottique "lesbien" ou encore la galactique "amour solaire pour lune chaude". Et sans être sur la trace des fées, Christian Décamps en bon Ange qu’il est, s’interroge : que se passerait-il "si j’avais des ailes…" ? Puis on termine en apothéose sur "murmures" avec 8 minutes 30 de variations sur un rythme Tristanesque languissant se baignant dans un flux et reflux de murmures chuchotés entre des vagues synthétisantes, percussionnantes, bucalisantes et les mots divins du Père. Je vous l’ai dit, le temps n’a pas de prise sur lui ou plutôt si le temps le bonifie comme le meilleur vin ! Alors ce nouveau Grand Cru Christian Décamps et Fils est à consommer jusqu’à plus soif sans aucune modération. Luc Lhéricel |