(1248 mots dans ce texte ) - lu : 861 Fois
Deux ans après "Octavarium" et à peine un après le triple live "Score" (avec son pendant en DVD, en tête du classement des DVD de l’année 2006, chez les chroniqueurs de Koid’9 !) voici le nouveau album de Dream Theater pour lequel je m’entretenais avec son chanteur James LaBrie, il y a un peu plus d’un mois. A la question : "Penses-tu que Mike ait tenu sa promesse (de proposer un album avec des riffs ravageurs, de grandes suites progressives et de belles mélodies) ?", James m’avais répondu "Oui, sans l’ombre d’un doute !". Hé bien, effectivement, ils n’ont pas menti ! Nous avons affaire avec "Systematic Chaos » à un album majeur de la discographie de Dream Theater ! Tous les styles qui ont fait sa réputation sont ici représentés : la maestria instrumentale dès l’ouverture de l’album ("In the presence of enemies part 1", les fines mélodies à la guitare de John Petrucci loin de tout schred, la voix de James majestueuse, les arrangements sophistiqués aux claviers de Jordan Rudess, les breaks de batterie de folie de Mike Portnoy, et enfin une basse monstrueuse de John Myung qui s’entend enfin comme jamais on ne l’aura entendue sur un album studio ! (Arrgh ! le break de "Constant motion" ou son tricotage au début et pendant le pont de "The dark eternal night" ou encore ses grands coups de basses profondes au début du pont de "Repentance" ! En espérant qu’il aura le même son sur scène, il me tarde déjà de le voir le 26 juin à Clermont-Ferrand !)
Bien que l’album compte 8 plages, le groupe n’en compte que 7 puisque le titre "In the presence of enemies" est divisé en 2 parties ; la première en début de disque, la seconde en fin. Sept titres seulement, (ou huit selon le comptage) mais pour plus de 78 minutes ! Fidèle à son habitude, Dream Theater profite à fond du remplissage technique d’un CD, sans avoir peur de lasser l’auditoire. Alors qu’on lit ci et là dans les chroniques de nos confrères que tel ou tel album est trop long, que tel ou tel groupe aurait mieux fait d’alléger son propos, avec « Systematic Chaos » ce n’est pas le genre de reproche qu’on peut lui faire car cette heure et quart passe très vite tellement on ne s’ennuie pas l’ombre d’une seconde ! Aucun remplissage inutile ! Toujours quelque chose qui vient titiller l’oreille même au bout de 20 écoutes ! Même le titre "Constant motion" qui me rappelait Metallica lors de sa première écoute a parfaitement sa place sur ce disque et au fil des écoutes ne subsiste aucune persistance "metallicaine".
Dans cet album, il y a vraiment toutes les facettes du groupe : un morceau à la Pink Floyd ("Repentance") qui pourrait faire penser à un "Set the control of the heart of the sun" plus moderne, un morceau plus facile d’accès ("Prophets of war") presque dansant (avec des réminiscences de Muse) et pour lequel le public pourra reprendre les passages chantés par les 50 fans en studio (Time for change / Fight the fear / Find the truth / Time for change), des ponts instrumentaux toujours plus innovants et plus époustouflants de maîtrise les uns que les autres ("In the presence of enemies", "Constant Motion", "The ministry of lost souls"…) deux grandes suites progressives à souhait ("In the presence of enemies" – 26 mns – et "The ministry of lost souls" – 15 mns), deux titres très heavy ("Constant Motion" et "The dark eternal night") qui plairont sans aucun doute aux amateurs de « Train of thought » sans pour autant rebuter les amateurs de plus de musicalité car ils paraissent plus construits et plus inventifs (comme par exemple ce son de clavinet au milieu de "The dark eternal night" mêlé au piano bastringue – comme dans "Scenes from a memory").
En fait, toutes les influences chères à Dream Theater (Rush, Muse, Pink Floyd, Pantera, etc…) sont toujours présentes mais ont été complètement intégrées à sa personnalité multiple. De plus, avec "Systematic chaos", le groupe new-yorkais réussit à conserver son identité propre (un son identifiable dès les premières secondes), tout en innovant en matière d’arrangement avec le rajout de nouvelles sonorités à sa palette musicale déjà très étendue. Ce groupe hors du commun consolide son rôle de leader incontesté en matière de métal-prog depuis "Images and words" (1992 !) tout en offrant à ses fans son album le plus abouti mélodiquement et rythmiquement depuis "Scenes from a memory" (2000).
En résumé, je ne vois pas d’ores et déjà quel disque pourrait lui ravir d’ici décembre le titre envié d’album de l’année 2007 !
Comme si cela ne suffisait pas, Dream Theater offre un DVD dans l’édition spéciale de "Systematic chaos" ! L’album entier remixé en 5.1 (comme pour Genesis !) et un film d’un peu plus d’1h30 dans l’intimité de la création de cet album ! Comme celui-ci fera date dans l’histoire de la musique, il est inutile de préciser que ce DVD est appelé à devenir une pièce de collection de premier choix ! Dans ce film (car c’en est un !) on voit les chansons évoluer, prendre forme. Les images proviennent principalement du caméscope de Mike (nommé pour l’occasion «Director») et le montage alterne (chanson par chanson) des prises de vues des différents musiciens en train d’enregistrer. Très peu de parlotte (seuls Mike, John Petrucci et un peu James prennent la parole devant la caméra pour expliquer l’historique de l’album) ! Il est intéressant, par exemple, de voir comment James modifie sa mélodie initiale suite aux indications de Mike, ou encore de voir les 2 John enregistrer live à côté de la console (et faire chauffer les médiateurs !). Il est rassurant de voir aussi un monstre sacré comme Jordan s’y reprendre à plusieurs fois pour enregistrer une partie particulièrement ardue. Finalement ce ne sont pas des extra-terrestres qui ont enregistré cet album mais bien des humains, qui parfois se permettent des petites plaisanteries entre eux. D’ailleurs, l’atmosphère qui a l’air de régner tout au long de ces 6 mois de gestation est très détendue. On est loin du cliché de ceux qui se prennent pour des stars ! Saluons donc cette générosité assez rare (le DVD est quasiment donné avec l’album) et ne manquons pas de remercier Dream Theater en lui faisant un triomphe lors de ses prochains concerts en terre gauloise.
Gilles Masson
P.S. Dans un torchon pour métalleux boutonneux, un scribouillard a écrit : « Ecouter Dream Theater, nous a toujours fait un peu chier ». Pauvre bonhomme ! Je compatis ! Comme ton supplice doit être horrible ! De plus, afin de justifier son manque de goût et en manque d’inspiration, ce malheureux nous refourgue le vieux cliché comme quoi les fans du groupe seraient des « étudiants en informatique binoclards vivant encore chez leurs parents à 32 ans » ! Désolé pour lui, mais en ce qui me concerne, j’ai largement dépassé ce bel âge (hélas !) et j’en suis à un moment de ma vie durant lequel je note plutôt les étudiants. Aussi sa tristounette interview dans laquelle il se fait cahoter systématiquement par Mike, et sa pitoyable prétendue chronique mal écrite, pleine de grossièreté et de poncifs éculés masquant mal son inculture, lui valent de ma part un double zéro pointé et une exclusion à vie du champ de mes lectures !
Site du groupe
Voir l'interview de James Labrie liée à cette chronique
Temps : 0.0525 seconde(s)