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Geoff Downes : Shadows And Reflections (2003 - cd - parue dans le Koid9 n°47)

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Le fondateur d'Asia vient d'accoucher de son cinquième album solo, tout en changeant encore de style. "Shadows & reflections" n'est constitué que de deux très longues pièces de 22 et 33 minutes très planantes, basées uniquement sur les claviers et enregistrées plus ou moins en direct, apparemment !

Pour les connaisseurs, et bien que les comparaisons soient très limitatives, on peut dire que cet album rappelle un peu les œuvres les plus planantes de Tangerine Dream vers 1979-1982 (notamment l'excellent et méconnu "Tangram") avec cependant des sonorités plus actuelles aussi, si tant est que le terme actuel ait encore une signification à l'heure où tous les groupes de pop et de rock à la mode utilisent des échantillons de mellotron, voire l'instrument lui-même !

"Shadows & reflections" est un album calme, relaxant, beau, mélancolique, avec des allusions assez nettes à ce que certains appelaient dans les années 70 : "musique cosmique".

Au lieu de boîtes à rythmes ou de percussions, le rythme provient des instruments mélodiques eux-mêmes, de séquences basées sur des bruitages ou des pulsations de basse électronique. Du rythme, il n'y en a d'ailleurs pas toujours car certaines sections sont plutôt basées sur des harmonies, des sortes de vagues sonores agrémentées de bruitages délicats ou de quelques notes d'un piano synthétique cristallin, un instrument qui revient souvent sur cet album.

On pourrait facilement considérer ce disque comme de la "musique d'ambiance", on le qualifiera d'ailleurs sans doute du terme "ambient", que Downes utilise lui-même dans les notes plus que succinctes qui figurent sur le livret, non moins succinct (vraiment, Blueprint ne s'est encore une fois pas cassé !). Il est sûr qu'il s'agit d'un album essentiellement atmosphérique. "Shadows & reflections" mérite pourtant une écoute attentive pour se rendre compte réellement de toutes les subtilités et des évolutions que recèlent ces deux longs morceaux.

Après plus de 8 minutes de superbes vagues harmoniques au début de "shadows", une pulsation de basse entre en lice et le piano tisse une mélodie à peine structurée, puis une harpe synthétique dessine une autre mélodie mélangée à des sons déphasés et réverbérés avec des effets de stéréo (comme Tangerine Dream sur "Rubycon"). Les différentes pulsations des synthés, les orchestrations splendides et le piano de Downes constituent un mélange original… jusqu'à ce que le morceau s'achève paisiblement, un peu comme à son début.

Le second titre "reflections" démarre comme le côté le plus novateur de Jean-Michel Jarre. Le morceau évolue pour rappeler encore une fois le "Tangram" de Tangerine Dream : des nappes orchestrales au son aérien très pur et profond, des pulsations rythmiques, mais les passages avec un piano vaguement jazzy sont plus originales. Cette partie est un peu diluée, un peu plus répétitive (une séquence rythmique un peu agaçante y revient trop souvent) et on trouve même un petit écho de "Tubular bells" à un moment ! Plus un clin d'œil qu'autre chose. Globalement un peu trop long, "reflections" est pourtant empreint d'une beauté hypnotique. Les sonorités de synthés utilisées y sont pour beaucoup aussi.

"Shadows & reflections" est une très agréable surprise, car ce genre d'album ne court plus les rues, c'est clair.

Idéal pour rêver sur une terrasse par une belle nuit d'été. Ah, bien sûr, il faut aimer rêver !

Marc Moingeon




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