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Ni le nom du groupe ni les titres en anglais ne le laissant présager, nous ne sommes pas moins avec Eclipse en présence d’un (nouveau) groupe de prog Brésilien, ce grand pays par sa superficie tentant également de le devenir dans notre genre musical de prédilection, sinon par la qualité (souvent inégale) de ses productions, au moins par la quantité si l’on en juge le nombre de galettes de prog Brésilien qui sont trimestriellement soumises à la sagacité des chroniqueurs de Koid’9 !
Jusqu’alors Eclipse s’était cantonné dans le registre des "covers", avec deux premiers albums intitulés "Pirates : A tribute to Emerson, Lake & Palmer" et "Giant tracks : A tribute to Gentle Giant". A noter également une intense activité du côté des reprises de Pink Floyd sans que la chose n’ait donné lieu à la production d’aucun CD.
Bref, Eclipse se décide en 2003 à sauter du tremplin ("Jumping from springborads"…) en produisant son premier album de compositions personnelles (du moins telle était l’intention initiale de ses auteurs…).
Voilà donc Aloiso Campelo Jr (guitare), Patricia Deschamps (chant), Paulo Torres (basse/claviers) et Sergio Conforti en proie aux affres de la composition, et accouchant finalement d’un album de 8 titres porteur, on l’imagine, de tous les espoirs de reconnaissance du groupe.
On démarre avec "urban hermit", le titre le plus long puisqu’il totalise 11 minutes. Toutefois, après à peine 5’ le spectre de King Crimson se profile déjà derrière les sonorités de guitare tandis que vers 9’ c’est Yes qui pointe le bout de son nez. Un titre calme, comme la majeure partie de l’album, au terme duquel on a le sentiment qu’il ne s’est finalement pas passé grand chose même s’il n’est pas désagréable à écouter. Ce scénario va malheureusement se reproduire avec les titres suivants.
A l’exception du titre éponyme "jumping from springroads" en effet , auquel le chant de Patrica apporte un réel supplément d’âme, mais dont la conclusion rappelle à nouveau furieusement Yes de la période "Fragile"/"Close to the edge", les autres titres, même s’ils ne sont encore une fois pas désagréables à écouter, soufrent d’une trop grande allégeance (pour ne pas dire plus) aux ténors du prog qui ont inspiré l’album.
Ainsi l’on reconnaît aisément la patte de Gentle Giant sur "inca’s revenge" et de celle de Yes un peu partout (Aloiso mime en permanence le jeu de Steve Howe), tandis que le dernier titre "ritual" a carrément pompé pendant sa première moitié la rythmique si caractéristique du colossal "apocalypse in 9/8" (Genesis/"Foxtrot").
Certes Mangala Vallis l’a fait avant eux sur "The book of dreams" mais sans s’en cacher et sans (trop) en abuser.
J’ajoute que j’ai "décelé" ces pompages avant même de m’être renseigné à propos de leurs précédentes productions dans le domaine des covers, c’est dire si la chose est flagrante.
Bref, on ne me fera pas dire que "Jumping from springboards" est un mauvais album (les musiciens savent indéniablement jouer et les compos sont agréables) mais il est trop "inspiré" par les ténors du genre pour tirer son épingle du jeu en tant qu’œuvre originale.
Il suffirait que ces musiciens talentueux se débarrassent de cet encombrant héritage pour qu’ils nous sortent un très bon album, j’en suis persuadé. Chiche ?
Serge Llorente
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