Ephemeral Sun : Harvest Aorta (2010 - cd - parue dans le Koid9 n°73)
Waouuuhhh ! Quelle expérience ! Difficile de ressortir indemne de l'écoute de ce deuxième album des américains de Ephemeral Sun. Surtout après avoir "encaissé" leur morceau de 42 minutes "harvest aorta" (d'où le titre de l'album). C'est qu'on passe par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel avec des moments sublimes et d'autres un peu plus pénibles aussi. Mais encore une fois, quand la musique se tait, vous vous dites : qu'est ce qui vient de m'arriver ? Ne serait-on pas en face de nouveaux cadors de la prog' ? John Battema (claviers), Brian O'Neill (guitares), Charlie Gore (basse) et Jeff Malone (batterie) avaient sorti un premier album en 2004, "Broken door", chanté et à tendance métalloïde. Changement de cap ici. Tout est instrumental ? ils reprennent à cette sauce quelques extraits de leur CD précédant ? joué live en studio pour plus de spontanéité, planant, sombre, furieux, grandiose puis aérien; tout vole puis terrifie ; mélangez joyeusement le symphonisme, le doom, l'ultra-mélodique. Dans ce kaléidoscope d'influences, on citera pêle-mêle le Pink Floyd de "Shine on you crazy diamond", le Steve Hackett de "Defector", le U.K du premier album, le Pat Metheny Group des années quatre-vingts pour la petite touche jazzy palpable dans "springsong", Camel aussi pour le lyrisme de certains soli de six cordes (cf. "prism"), la liste est sans fin. "Et Spock's beard !" ajoute ma femme attirée par le son des claviers et des rudes riffs de grattes. Vrai de vrai, ce combo-là a le sens de la mélodie qui tue (la fin de "prism", sublime), de la mélodie gracile ("memoirs") et du riff détonant. Les claviers sont admirables tout du long, la guitare accorte et la batterie ad hoc même si parfois le son de la caisse claire est un peu trop mat. C'est ça jouer live en studio? Mais assez plaisanté. Voici "harvest aorta" et ses 42 minutes. Thème intrigant à l'orgue, riff de plomb, cascade de piano, guitare céleste, nous voici au plus profond de l'?uvre, le mot n'est pas trop fort, passant du plaisant au sévère et notre c?ur est comme celui de la pochette (pas à la hauteur du contenu) : il lui pousse des bourgeons au passage de ce fleuve sonore. Des éruptions free façon Santana période "Lotus", un banjo par-ci et le thème revient vous exploser en pleine gueule "surspeedé" par l'orgue qu'on croirait manipulé par le sorcier de Spock's et de GPS, Ryo Okumoto. OK, tout ça est un poil longuet mais à l'arrivée, Messieurs John, Brian, Charlie et Jeff, moi je dis bravo. Et Waouuuhhh ! Jean-Marie Lanoë |