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Etron Fou Leloublan : Batelages (1976 - cd - parue dans le Koid9 n°44)

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Récemment, Musea et son sous label spécialisé Gazul s'est lancé dans une série de rééditions qui vont ravir les amateurs de musiques dites nouvelles (ou avant-gardistes). On a vu il y a quelques mois sortir le premier album de François Bréant (les suivants arriveront bientôt). Nous aurons aussi la joie de retrouver en format numérique les albums d'Edition Speciale (nous en reparlerons sans doute dans les prochains numéros de Koid'9). Mais ce qui fait l'actualité c'est la réédition du premier album d'un des groupes underground français parmi les plus fameux : "Batelages" d'Etron Fou Leloublan. Sorti à l'origine en fin d'année 1976, l'album est le témoignage d'un trio constitué de Chris Chanet (alias Eulalie Ruynar, saxo et chant), de Ferdinand Richard (basse, guitare) et du batteur Guigou Chenevier (qui aujourd'hui encore fait partie des figures incontournables de la scène avant-gardiste française avec son groupe actuel Volapuk). Initialement crée en 1973, Etron Fou sera tout d'abord un groupe de scène mais sera aussi très actif en créant un collectif regroupant de nombreux groupes, et vivant également sur le principe de la vie communautaire. Le propos musical (et il faut bien le dire textuel) est assez délirant, mêlant l'impulsion rock et free jazz avec un sens de l'humour qui sauve en quelque sorte un concept qui à la base est loin de faire l'unanimité. Pour donner une idée un peu plus claire du principe, on pourra citer une sorte d'Ange nageant en plein surréalisme ou viendraient se mêler dans la danse Gong ou encore Albert Marcoeur. Instrumentalement c'est assez minimaliste (guitare, basse, batterie et saxo) et radicalement contraire à tout sens mélodique (ce n'est pas pour autant dissonant). Nous n'aurons pas affaire ici à de grandes envolées harmoniques ni même à une grande rigueur dans les compositions (cela viendra un peu plus tard). Mais laissons nos musiciens se présenter eux même: "Etron Fou, une soupe qui sent bon, Freegolo jazz (c'est assez bien vu ça !) campagnard". C'est fort logiquement qu'Etron Fou fera ensuite parti du mouvement "Rock In Opposition" à la fin des années 70 regroupant d'autres groupes avant-gardistes dont Henry Cow, Univers Zero et Stormy Six.

Patrick Robinet




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