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Le titre de ce double CD cartonné en public dit tout. Fish y revisite l?album mythique de Marillion paru en 1985 lorsqu?il était le chanteur et inspirateur du groupe. Comme le dit Fish lui-même dans le livret, "Misplaced childhood" est un terrain sacré aux yeux de certains et s?y réattaquer pouvait être dangereux. Et bien l?homme s?en sort avec les honneurs. Les concerts de cette tournée 2005/2006 sont divisés en deux parties : le matériel solo de Fish dans un premier temps puis l?intégrale de "Misplaced childhood" plus quelques autres titres de Marillion ("incommunicado", "marquet square heroes" et "fugazi" qui clôturent le show). Le CD respecte cette division et nous propose l?intégrale du concert de Tilburg (Pays-Bas).
Evidemment, l?auditeur qui serait tombé dans une faille spatio-temporelle en 1986 pour revenir à ce concert serait surpris de la voix du poisson, mais ceux qui ont suivi sa carrière solo savent ce qu?il en est : les abus divers et l?excès de tournées dans les années 80 ont prématurément usé les cordes vocales du maître et les aigus sont assez difficiles pour lui. Il a appris à gérer ça et fait maintenant avec sur ses albums. Mais alors comment assure t?il sur ces vieilleries vous demandez-vous ? Simple : la tonalité est descendue d?1 ton Ć pour les titres marillionesques sauf "marquet square heroes" qui est joué, comme tous les titres solo, Ć ton plus bas.
Un ton Ć c?est énorme. Je vous garantis que quand ça commence on sent la différence avec l?original ! Mais curieusement j?ai eu plus de mal à revenir ensuite à l?écoute de celui-ci : c?est vrai que c?était haut à l?époque et le rendu n?était pas forcément meilleur. Cela dit, de nos jours, même comme ça Fish ne fait pas de prouesses vocales mais il assure malgré tout son boulot.
Le 1er CD donc, 53 minutes, est constitué d?un ou deux titres extraits de chacun de ses albums solo (sauf "Suits", dommage j?aime ce disque et "Songs from the mirror"). Il y a donc "big wedge", "moving targets", "brother 52", "goldfish and clowns", "raingods dancing", "wake up call", "innocent party", "long cold day" et "credo". Rien à dire, les musiciens de son groupe actuel assurent comme des bêtes : le fidèle Frank Usher et Andy Trill aux guitares, Tony Turrell aux claviers, Steve Vantsis à la basse, John Tonks à la batterie et Deborah Ffrench (si si avec deux f) aux ch?urs. C?est carré, plutôt rock, et bien ficelé. Fish n?est pas dupe, il écrit dans ses notes que le thème de la tournée fait que certains spectateurs viennent surtout pour la 2ème partie du concert et ne sont pas forcément familiarisés à son répertoire solo. Il a donc le mérite de le présenter quand même en l?utilisant pour chauffer la salle.
Le chauffage aboutit donc au second volet que tout le monde attend. L?interprétation de "Misplaced childhood" est très fidèle mais on y sent malgré tout la touche fishienne actuelle. La conjonction des deux guitares apporte un plus à divers endroits ; les ch?urs de Deborah Ffrench sont de toute beauté et soutiennent Fish quand il le faut. Le chant plus bas, parfois parlé, surprend mais je l?ai dit : on s?y fait très vite.
Très bel album en public retraçant les 25 dernières années de Fish. Alors ce disque est-il utile ? Grande question? Le titre est assez parlant : retour en enfance ! Il faut le voir comme un lieu qu?on a connu et qu?on est content et ému de retrouver. Fish voulait rendre hommage à ce disque qui l?a visiblement marqué autant que le public. La tournée est en cours depuis maintenant un an et demi : ça marche. Un moyen pour lui de rentrer plus de sous qu?en s?appuyant sur sa seule carrière solo ? Possible? Outre le fait que ce n?est pas avec des tournées que les artistes peu médiatisés gagnent beaucoup (quand ils ne perdent pas !), il ne faut pas oublier que Fish est le dépositaire de cet héritage. Il est le créateur du thème, de l?histoire, de l?imagerie associée et co-créateur de la musique. Ses anciens collègues de Marillion y ont renoncé depuis longtemps. C?est leur droit mais Fish y a toujours fait référence dans ses concerts.
L?imagerie justement. Mark Wilkinson s?est évidemment occupé du visuel et tous les éléments sont là : le bouffon, la fenêtre, la pie, le caméléon, le jeune garçon, l?arc-en-ciel, les divers objets qui jonchent le sol? On est en terrain connu. Il faudrait de nouveau voir les liens entre ces éléments et ce qu?ils sont devenus vingt ans après. Je vous laisse y réfléchir en musique.
Pour les visiophiles : sortie imminente ou déjà effective du DVD correspondant.
François Albert
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