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Marty Friedman : Music For Speeding (2003 - cd - parue dans le Koid9 n°48)

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Celui qui est souvent considéré comme le simple ex-guitariste de Megadeth a une longue carrière derrière lui, plutôt variée et pas seulement ancrée dans le heavy metal. Son premier album solo, "Dragon's kiss" (88), offrait déjà plusieurs facettes de son talent  :  d'un côté les rythmes rapides et les riffs très lourds, de l'autre des mélodies lyriques et des "ballades" dramatiques? Friedman mettait déjà en évidence une virtuosité exceptionnelle, un jeu très expressif allié à une palette sonore assez large, un goût pour des structures complexes et progressives, une science innée du contrepoint et de l'harmonie et une inspiration très versatile, qui inclue notamment les musiques classiques européennes et orientales. Avec "Scenes" (92) puis "Introduction" (94), il invente un style symphonique qui rappelle les meilleurs travaux de Vangelis et Kitaro, mais agrémenté de parties de guitares complexes et passionnées. Deux chefs-d'?uvre hautement recommandés. "True obsessions" (96) offre un mélange de genres un peu hétéroclite (instrumentaux rappelant Joe Satriani, AOR rock chanté et plusieurs morceaux plus doux et symphoniques).

"Music for speeding "rompt enfin un long silence. Rien qu'au titre, on sent bien que ce n'est pas du Kitaro  ! Et pourtant ce n'est pas un retour au heavy metal progressif de "Dragon's kiss"? D'ailleurs, le stade "virtuosité à tout prix" est dépassé depuis longtemps pour Marty, même si on s'aperçoit facilement des capacités hors norme du guitariste. L'album est un nouveau mélange un peu hétéroclite, qui partage quelques similitudes avec "True obsessions", à ceci près qu'il est entièrement instrumental et intègre parfois des rythmes "électro" ! "metal-techno instrumental" ? Il va falloir encore créer une étiquette  ! Sérieusement, ça choque  ! L'homme est vraiment versatile? Cela fait que l'album a au moins l'avantage d'être varié, à défaut d'être cohérent. Dommage que Friedman prenne souvent des sons de guitare plus gras et moins propres qu'avant, même au niveau des solos. Mais il y a une grande variété de sonorités, en fait. Ses musiciens sont excellents  :  l'incroyable Jeremy Colson (Dali's Dilemma, "Leonardo" de Trent Gardner) à la batterie, Jimmy O'Shea et Barry Sparks à la basse, et le toujours fidèle Brian BecVar aux claviers.

En fait, environ 6 morceaux sont plus ou moins agressifs, quelquefois avec des sections archi-lourdes, 2 sans programmation et 4 avec, et incluent des éléments assez originaux (harmonies "propres", changement de tonalités, rupture rythmiques nombreuses, etc.). Il y a même un solo de shamisen (sorte de banjo japonais à 3 cordes) au milieu du bouillonnant "catfight" ! "Cheer girl rampage" est, quant à lui, un titre marrant, carrément technoïde, pas si éloigné que ça du "engines of creation" de Satriani mais plus accrocheur et complexe à la fois, très mélodique et dansant, il faut bien l'avouer  !

A côté de ça, on trouve 5 morceaux calmes, une série qui démarre avec "lust for life" , ses accords de piano simples, sa mélodie jouée sur deux guitares pincées. Comme souvent, le thème semble un peu facile et puis Marty ajoute ses variations, ses harmonies, un solo central magnifique avec un vibrato naturel splendide. On finit par se dire que c'est génialement fait, avec beaucoup d'âme. "lovesorrow" renoue vraiment avec le style orchestral de "Scenes" (superbes synthés), avec un beau solo flamenco de Ben Woods. Les 4 derniers titres sont étrangement enchaînés ? "corazon de santiago" et l'interlude presque baroque "0-7-2" restent dans le même genre romantique et lyrique. Après "salt in the wound" aussi court que lourdingue, "novocaine kiss" (il se shoote ou quoi  ?!) mêle piano et synthés "ambient" avec le style lyrique qui lui est propre, histoire de finir en beauté.

"Music for speeding" passe d'un extrême à l'autre du spectre musical. Le mélange est unique mais Friedman devrait donner plus de cohérence à ses futurs albums.

Marc Moingeon




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