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Peter Frohmader est un vieux de la vieille. Artiste inconnu car toujours à contre-courant de la mode, il est l’auteur d’une vingtaine d’albums sur des labels allemands, suédois, américains dont le premier "Nekropolis" est paru en 1981. Malgré le poids des années il est toujours resté fidèle, ne se souciant pas de rentabiliser ses disques. Il a aussi composé des musiques de film pour le cinéma, la télévision et des documentaires. Il a notamment travaillé avec H. R. Giger, le créateur des décors d’ "Alien". Né en 1958 à Munich, il est à la fois musicien et peintre. Ses peintures sont essentiellement des illustrations de rêve et sont assez psychédéliques, un peu comme sa musique. Celle-ci repose toujours sur les mêmes concepts : métaphysiques (il croît à la vie après la mort), ésotériques ou cosmiques. Influencé au départ par Can et Magma, il est l’un des compositeurs de musique électronique les plus novateurs et fascinants. Véritable pionnier, il est aussi le père fondateur du mouvement gothique et a influencé de nombreux groupes. Toujours en avance sur son temps, il a aussi composé des symphonies et des musiques d’ambiance et a été fortement influencé par les maîtres de la littérature fantastique : H. P. Lovecraft, E. A. Poe, Bram Stoker, …
Voilà, après cette brève présentation de l’artiste, il est temps de passer à sa dernière œuvre en date "Eismeer".
Tout d’abord, j’aimerais vous dire, chers lecteurs, que ce disque ne respire pas la joie de vivre, notamment le premier morceau ; c’est le moins qu’on puisse dire. Donc, s’il y en a parmi vous qui sont un peu dépressifs, c’est peut être pas le moment d’écouter ce CD car vous risquez d’aggraver sérieusement votre cas. Par contre, si vous associez à l’écoute de ce disque, l’utilisation de l’une de ces plantes très spéciales qui développent vos sens, peut-être que vous pourrez embarquer pour ce voyage vraiment sidérant. En effet, Peter Frohmader présente son œuvre comme une expédition musicale décrivant les mouvements d’un navire sur la mer. Ce voyage devant permettre de répondre à la question que se pose tout être humain : quelles sont ses origines ? d’où il vient ? et où il va ? Une sorte de trip dans la mélancolie et l’extase. Bon, tout cela fait très sérieux mais je vous rassure de suite, la musique n’est pas prise de tête pour un peu que vous preniez le temps de vous en laisser pénétrer.
Donc, seulement 3 morceaux : le premier d’une durée de 37 minutes vraiment déprimant et qui porte le nom de l’album, un court intermède de 3'41 "funèbre" et le dernier de 24'14 "orchestral crossover" pour une durée totale d’environ 64 minutes. Le mot qui me vient à l’esprit pour décrire cette œuvre dans sa globalité est diversité : mélodies psychédéliques, rythmes parfois puissants parfois planants, atmosphères oniriques, utilisations de la polyrythmie, ambiance techno (à très petite dose) et par moment un peu de free-jazz électronique. Six années de travail pour aboutir à un résultat vraiment intense et original. L’électronique est utilisée avec beaucoup d’imagination et habileté. Le 3° morceau est le moins sombre et sûrement le plus psyché avec d’incessants changements de rythmes et des sons vraiment originaux. Naturellement c’est lui qui a tout composé et joué. Il est juste épaulé par Pit Holzapfel qui joue du trombone, baryton et guitare sur le dernier morceau.
Félicitons Peter pour sa sincérité, son souci permanent d’évoluer et la pérennité de son œuvre. Il a su conserver son intégrité sans se soucier une seconde du succès commercial.
Remy Bessouat
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